(Montréal ) Malgré la hausse du nombre d’abattages entraînés par l’agrile du frêne, la Ville de Montréal dit avoir dépassé ses objectifs d’étendre sa forêt urbaine en parvenant à planter un nombre record d’arbres en 2021.

« Nous avons d’excellentes nouvelles. C’est une année record », s’est félicité Anthony Daniel, conseiller en planification au Service des grands parcs. La métropole présentait vendredi son plus récent bilan de la forêt urbaine.

De 2012 à 2021, la Ville de Montréal évalue que 119 481 arbres ont été plantés sur le domaine public municipal et 87 619 arbres dans le domaine privé. Le total des arbres plantés s’élève donc à 207 100 pour les neuf dernières années, dont 33 841 arbres plantés en 2021.

De 2012 à 2021, 83 582 arbres ont cependant été abattus, dont 11 468 en 2021. Plus de la moitié d’entre eux sont des frênes, avec un total de 5 932 spécimens abattus.

Ce bilan permet à la Ville de Montréal de dire avoir dépassé les objectifs qu’elle s’était fixés en 2016 pour l’augmentation de sa forêt urbaine. Alors qu’elle envisageait une hausse de son indice de canopée à 25 % pour 2025, cet objectif a finalement été atteint dès 2019, avec un indice à 25,3 %. Montréal vise désormais atteindre 26 % d’ici trois ans.

L’agrile du frêne, un parasite invincible ?

L’agrile du frêne, parasite asiatique implanté depuis 2008 au Québec, est en effet le principal responsable de la hausse des abattages à Montréal et dans l’ensemble de la communauté métropolitaine. Selon une étude réalisée par La Presse à partir des données ouvertes de la ville, de 1990 à 2013, le nombre d’arbres abattus à Montréal variait entre 2000 et 4000 arbres. De 2014 et 2021, ce nombre variait entre 5000 et 11 000 arbres abattus, plus du double.

Le parasite ne laisse en effet que peu de solutions aux gestionnaires de forêts : l’abattage ou le traitement. Cette seconde option est celle choisie par la mairie pour 17 518 frênes publics en 2021. Selon notre compilation, le nombre de frênes traités était de 12 828 en 2014.

Pour prévenir un autre scénario catastrophe, la Ville de Montréal ne se contente pas d’ailleurs de planter aléatoirement de nouveaux spécimens, mais cherche aussi à construire une forêt plus résiliente. « Depuis une dizaine d’années, la Ville a fait des pas de géant. Elle a sa propre pépinière qui fournit 3 300 arbres par année de 235 variétés et espèces différentes. On a donc augmenté très sensiblement la variété des arbres plantés à Montréal », explique Anthony Daniel. « La règle à respecter, c’est le bon arbre au bon endroit. »

En effet, si la venue d’un autre parasite ne peut être complètement anticipée, la multiplication des essences plantées devrait limiter les dégâts, ces insectes se contentant souvent d’une seule essence d’arbre. Un défi que la Ville de Montréal semble vouloir relever, ainsi que celui d’augmenter encore davantage son couvert forestier.

« La forêt urbaine est une priorité absolue dans notre stratégie de lutte contre les changements climatiques », rappelle Caroline Bourgeois, vice-présidente du comité exécutif en début de conférence. Pour poursuivre ses efforts, la Ville prévoit en effet de revoir ses objectifs à la hausse avec une augmentation 6 km⁠2 de forêt, soit trois fois la superficie du parc du Mont-Royal.