(Ottawa) Les États-Unis ont d’autres outils à leur disposition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, selon le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault. Il a réagi mardi à la récente décision de la Cour suprême américaine qui limite le pouvoir du gouvernement fédéral en la matière, au terme d’un voyage à Washington.

« Le jugement de la Cour suprême est revenu souvent dans les conversations que j’ai eues au cours des deux derniers jours », a-t-il constaté lors d’une conférence de presse téléphonique.

Il a notamment rencontré la secrétaire de l’Intérieur, Deb Halaand, dont le département gère les ressources naturelles, et la conseillère nationale sur le climat à la Maison-Blanche, Gina McCarthy, ancienne administratrice de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) sous l’administration de Barack Obama. Il a aussi eu des discussions avec des sénateurs et des responsables d’organismes non gouvernementaux préoccupés par l’environnement.

« Je pense qu’il serait une erreur de penser que c’est la fin des ambitions américaines en matière de changements climatiques, sur les énergies propres », a-t-il ajouté.

Dans une décision rendue à six contre trois le 30 juin, la Cour suprême des États-Unis avait jugé que l’EPA n’avait pas le pouvoir de fixer des normes sur les émissions de gaz à effet de serre produites par les centrales électriques au charbon. Le président américain, Joe Biden, avait déclaré par écrit qu’il s’agissait d’« une autre décision dévastatrice qui vise à faire reculer [le] pays », puisque le jugement est tombé six jours après celui qui a révoqué le droit à l’avortement. Les groupes environnementaux étaient consternés.

D’une part, c’est une décision qui porte sur une réglementation qui n’existe pas. Elle avait été proposée par l’administration Obama. Elle avait été contestée devant les tribunaux. Ensuite, Trump arrive, il change cette réglementation-là pour l’édulcorer.

Steven Guilbeault, ministre de l’Environnement et du Changement climatique

Ce nouveau pouvoir de réglementation a par la suite été contesté par des États qui estimait qu’il n’allait pas assez loin, avant d’être abandonné pour de bon par l’administration Trump. « Et l’administration Biden n’avait pas signalé son intention d’aller de l’avant avec cette réglementation-là spécifiquement », a-t-il précisé.

L’EPA a toujours un pouvoir de réglementation pour limiter la pollution de l’air en vertu du Clean Air Act, a fait valoir le ministre. Elle peut, par exemple, exiger une réduction des émissions de mercure issues du charbon ou une réduction des émissions polluantes des véhicules.

« Lorsqu’on regarde le profil énergétique des États-Unis – et c’est vrai pour le Canada aussi –, le charbon est en perte de vitesse à peu près partout, mais c’est particulièrement vrai aux États-Unis », a-t-il noté. Il a souligné au passage que le coût des énergies renouvelables est plus bas que celui des énergies traditionnelles, comme le charbon.

« Au-delà de la réglementation, c’est le marché qui est en train de s’occuper de ça également », a-t-il ajouté.

Un accord mondial sur la biodiversité

Le ministre fédéral de l’Environnement a également martelé le besoin de conclure un accord mondial pour freiner « le rythme alarmant » de perte de biodiversité.

Steven Guilbeault a rencontré plusieurs organisations qui militent en faveur de l’environnement ainsi que des élus au cours de sa visite dans la capitale américaine.

Il a notamment souligné l’importance de la prochaine réunion des Nations unies sur la biodiversité qui se tiendra en décembre à Montréal.

« Plusieurs des personnes rencontrées ont manifesté l’intérêt de participer à cette rencontre », a-t-il souligné en conférence de presse mardi.

Ces discussions avaient pour but de renforcer la relation entre les deux pays, que ce soit par exemple sur les questions d’énergie, d’électrification des transports, de conservation ou d’espèces menacées, et non de faire pression sur les États-Unis, a précisé M. Guilbeault.

« C’est une visite où les objectifs sont comment nous pouvons maintenir et même améliorer la collaboration que nous avons sur plusieurs de ces sujets-là », a-t-il conclu.

Avec La Presse Canadienne