Le printemps a été propice à l’éclosion des œufs de moustiques

Les maringouins sont-ils plus nombreux cette année ? À cause de la météo du printemps, les œufs de moustiques ont éclos tous en même temps. Ils sont donc bien présents pour gâcher nos barbecues. Mais attention, le pire pourrait être à venir !

Un printemps froid, puis chaud

Pour André-Philippe Drapeau Picard, préposé aux renseignements entomologiques à l’Insectarium de Montréal, il n’y a pas de doute : les conditions météorologiques ont favorisé la reproduction des insectes piqueurs. « Nous avons eu un printemps relativement frais et la chaleur est arrivée tout d’un coup au milieu du mois de mai. Les moustiques étaient sûrement en dormance et ils sont tous sortis en même temps pendant la canicule. » Le scientifique souligne toutefois qu’il n’existe pas de données précises sur les populations de moustiques au Québec, « mais on peut penser que leur émergence a été concentrée dans le temps ».

Après la chaleur… la pluie

Samuel Genest, directeur général d’Abat Extermination, parle aussi d’un « boom incroyable » des naissances pendant la canicule. Le hic, c’est que la vague de chaleur du mois de mai a été suivie de fortes précipitations. Quand les bébés moustiques ont atteint leur stade adulte après trois semaines, ils ont assurément trouvé des milieux humides pour pondre de nouveaux œufs. Certaines espèces en pondent de 50 à 300. « Si on a un contexte de chaleur dans le coin de la Saint-Jean-Baptiste, tous ces œufs vont éclore et on risque de se retrouver avec un autre boom », affirme M. Genest.

Pire dans certaines régions ?

Ce n’est pas un mythe ! Il y a plus de moustiques dans certaines régions du Québec comme les Laurentides et la Côte-Nord que dans les Cantons-de-l’Est, par exemple. « C’est lié à l’habitat disponible », explique M. Drapeau Picard de l’Insectarium. « Dans le sud du Québec, il y avait beaucoup de milieux humides autrefois, mais ceux-ci ont été largement drainés pour l’agriculture. Il y a donc moins d’habitats pour la reproduction des moustiques. » À l’inverse, il y a beaucoup de milieux humides comme des lacs, des tourbières, des marais et des marécages plus au nord de Montréal.

Utiles ou nuisibles ?

Ils nous piquent, ça nous démange et ça enfle ! Pourrait-on se passer de ces insectes indésirables qui gâchent nos fins de soirées d’été ? Pas vraiment, répond M. Genest ! « Au sein de la chaîne alimentaire, les moustiques servent de nourriture à de nombreuses espèces comme les oiseaux et les chauves-souris », explique-t-il. Au stade de larves, ils sont aussi mangés par des batraciens et des poissons. Les maringouins jouent également un rôle de pollinisateurs.

Maladies transmises par les moustiques

Les moustiques au Québec ne transmettent pas la malaria, la dengue ou le Zika. Ils peuvent cependant être porteurs du virus du Nil occidental. En 2021, 14 personnes ont contracté le virus, dont cinq à Montréal, selon le ministère de la Santé et des Services sociaux. La majorité des personnes atteintes ne développent pas de symptômes, quoique certains individus ressentent de la fièvre, des céphalées, des myalgies et parfois des éruptions cutanées. Le virus du Nil occidental est présent au Québec depuis 2002.

Répandre des insecticides dans les villes ?

En 2021, 42 municipalités ont reçu l’autorisation d’arroser leur territoire de BTI pour contrôler les populations de moustiques. Il n’a pas été possible d’obtenir les chiffres du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques pour 2022. Certains scientifiques s’inquiètent toutefois de l’utilisation de cet insecticide sur la biodiversité, puisque les moustiques et leurs larves servent de nourritures à d’autres espèces. « Ce qu’on sait selon certaines études qui ont été faites en Europe, c’est que le BTI a aussi des impacts sur d’autres insectes que les mouches noires et les maringouins », souligne François Labelle, un producteur agricole à la tête d’un comité de citoyens qui s’est opposé à l’utilisation de BTI à Labelle. La municipalité des Laurentides a en effet décidé de mettre fin à l’usage de cet insecticide dès cette année.