Chaque année, le même scénario se produit dès l’arrivée de la première canicule de l’été. Des établissements de santé manquent de climatiseurs pour affronter une nouvelle vague de chaleur. Pourtant, des solutions existent, et elles permettent de diminuer les effets des épisodes de chaleur extrême. C’est justement la mission de Nature Québec avec son programme Milieux de vie en santé.

L’Institut de réadaptation en déficience physique de Québec possède maintenant un « parcours thérapeutique » pour sa clientèle. Celui-ci se trouve dans un espace de 3000 m⁠2 qui a été végétalisé en 2017.

Un total de 232 arbres – ainsi que plusieurs espèces de vivaces – ont été plantés, là où se trouvait un stationnement. Ce projet a été piloté par une équipe de Nature Québec, dans le cadre du programme Milieux de vie en santé. Depuis sept ans, l’organisme s’affaire à verdir des établissements de santé dans la province.

« Il y a plein de données sur les effets positifs de la nature sur la santé », explique Cyril Frazao, directeur général de Nature Québec. Selon lui, les établissements de santé devraient être « exemplaires » en la matière.

De la parole aux actes

De plus en plus de médecins prescrivent d’ailleurs une promenade dans la nature à leurs patients. Avec la pandémie de COVID-19, des records d’achalandage ont aussi été observés dans plusieurs parcs nationaux. La nature n’aura jamais été autant à la mode en matière de santé.

Pour les établissements de santé, le défi demeure important, malgré les bénéfices évidents. Selon Cyril Frazao, la principale difficulté consiste à convaincre les établissements de passer de la parole aux actes. De manière générale, tous s’entendent sur les effets positifs de la nature sur la santé.

PHOTO FOURNIE PAR MILIEUX DE VIE EN SANTÉ/NATURE QUÉBEC.

Plusieurs arbres ont été plantés au Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot, à Drummondville.

C’est lorsque vient le temps de faire des choix concrets que la situation se corse, explique Cyril Frazao. « On rencontre régulièrement les PDG des établissements de santé, qui appuient le principe. C’est quand ça redescend [dans la hiérarchie] que ça devient plus compliqué. Quand vient le temps de retirer des places de stationnement pour verdir ces espaces… »

M. Frazao indique qu’il travaille de plus en plus avec des médecins – notamment avec l’Association québécoise des médecins en environnement (AQME) – pour faire avancer les dossiers. Mais les gains potentiels restent limités, tant la conception des bâtiments actuels ne permet pas de végétaliser beaucoup d’espace. « La plupart de nos établissements datent de 75 millions d’années, ironise Claudel Pétrin-Desrosiers, médecin et présidente de l’AQME. Ils ont été construits à côté d’immenses stationnements, qui sont de très gros îlots de chaleur. »

Selon la jeune médecin de famille, les données ne manquent pourtant pas, notamment sur les effets des îlots de chaleur sur la santé humaine. « Pendant l’été, ce sera l’une des principales causes de consultation dans les urgences de demain », souligne-t-elle.

Des maisons des aînés plus vertes ?

Cyril Frazao fondait beaucoup d’espoir dans les nouvelles maisons des aînés proposées par le gouvernement du Québec. Une occasion de concevoir dès le départ ces établissements en les entourant d’espaces verts.

En théorie, cet aspect est pris en considération, selon M. Frazao. Mais dans la réalité, les vieilles habitudes ont la vie dure. Il donne l’exemple de la coupe de dizaines d’arbres matures pour construire une maison des aînés à Sainte-Foy.

« On coupe tout et après, on plante quelques arbres en se disant que ça fera l’affaire », dénonce Claudel Pétrin-Desrosiers.

De façon générale, nos dirigeants sont quand même au courant des effets positifs de la nature, mais on n’y réfléchit pas beaucoup plus.

La Dre Claudel Pétrin-Desrosiers

Pourtant, plusieurs études ont montré les bienfaits de quelques arbres sur la santé physique et mentale. Selon la Dre Pétrin-Desrosiers, une étude réalisée dans les années 1980 a même démontré que la vue de quelques arbres de la fenêtre de sa chambre d’hôpital permet de raccourcir les séjours hospitaliers et de diminuer le recours aux antidouleurs.

PHOTO FOURNIE PAR MILIEUX DE VIE EN SANTÉ/NATURE QUÉBEC

Aménagement réalisé sur les terrains de l’hôpital du Saint-Sacrement, à Québec

Elle donne aussi en exemple des études qui ont montré que des enfants avaient de meilleures performances scolaires quand ils avaient une vue sur des arbres dans la cour d’école. « Ça va prendre un meilleur leadership du gouvernement, croit-elle. Mais les choses changent dans le réseau de la santé. De plus en plus de professionnels comprennent l’importance d’avoir un peu de nature autour d’un établissement.

De leur côté, Cyril Frazao et son équipe poursuivent leur travail avec le programme Milieux de vie en santé. « Nous avons quatre projets en cours dans des CHSLD. On continue de pousser pour les maisons des aînés. »

Consultez les projets du programme Milieux de vie en santé