Revirement de situation à Longueuil. Au lendemain de l’élection de Catherine Fournier à la mairie, la Ville ne conteste plus la suspension des travaux de prolongement d’un boulevard qui menacent l’habitat essentiel d’une espèce menacée. Ceux-ci ne pourront reprendre avant deux semaines.

Le 29 octobre dernier, la Cour supérieure du Québec avait ordonné la suspension temporaire des travaux de prolongement du boulevard Béliveau à la demande de deux groupes environnementaux. L’ordonnance devait se terminer lundi à 17 h.

Le Centre québécois du droit de l’environnement (CQDE) et la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs (SNAP) se sont présentés à nouveau devant le tribunal lundi matin pour réclamer une prolongation de l’injonction prononcée par la juge Guylaine Baugé le 29 octobre.

Le tribunal avait alors conclu qu’à défaut d’ordonner une suspension des travaux pour une période de 10 jours « l’habitat essentiel de la rainette faux-grillon risque d’être irrémédiablement corrompu, avec pour conséquence la mise en péril de cette espèce ».

Lundi matin, devant la juge Suzanne Courchesne de la Cour supérieure, la Ville de Longueuil a consenti à maintenir la suspension des travaux pour une durée de deux semaines. Le tribunal a reconduit jusqu’au 22 novembre l’injonction provisoire.

Bien qu’elle ne soit pas encore assermentée comme mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, élue avec une forte majorité dimanche, a informé la direction générale de Longueuil lundi matin de ses intentions dans ce dossier.

Selon les informations obtenues par La Presse, les avocats de Longueuil ont indiqué lundi matin que ce délai supplémentaire permettrait à la nouvelle administration d’analyser le dossier et de donner ses instructions à ses avocats.

Le CQDE et la SNAP Québec demandent par ailleurs à la Ville de Longueuil et au gouvernement du Québec de prendre rapidement des mesures pour faire cesser le drainage des milieux humides, conséquence des travaux déjà réalisés à ce jour pour le prolongement du boulevard Béliveau. Ces mesures seraient nécessaires « afin de ne pas compromettre la reproduction de la rainette faux-grillon » dans ce secteur au printemps 2022.

Plus tôt dans la journée, le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault a déclaré qu’il allait recommander l’adoption d’un décret d’urgence pour protéger cette espèce en vertu de la Loi sur les espèces en péril (LEP) dans la région de Longueuil.

Même s’il s’agit d’un indicateur des intentions du gouvernement fédéral dans ce dossier, la déclaration du ministre Guilbeault ne signifie pas qu’un décret d’urgence entre en vigueur lundi. Le gouvernement ne pourra prendre une décision officielle tant que son ministre n’aura pas fait une recommandation formelle.

Contactée par La Presse, la nouvelle mairesse de Longueuil, Catherine Fournier, a salué l’annonce faite par Steven Guilbeault. « Il était déjà dans l’intention de notre administration de protéger le secteur Roberval-Fonrouge, traversé par les travaux du prolongement du boulevard Béliveau, par un règlement de zonage vert prévu à l’article 113 de la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme. Nous aurons des discussions à cet effet très prochainement avec l’équipe de M. Guilbeault. »

Jusqu’à la dernière minute, la Ville de Longueuil avait l’intention de contester la demande du CQDE et de la SNAP de prolonger la suspension des travaux. Dans des documents transmis à la Cour supérieure, jeudi dernier, la municipalité mentionnait entre autres que « si les travaux ne peuvent pas être exécutés avant la saison hivernale, les travaux ne pourront pas être continués avant l’automne 2022 ».

Par courriel, le porte-parole de la Ville de Longueuil, Hans Brouillette, a indiqué qu’aucun commentaire ne serait émis puisque l’affaire est devant les tribunaux.