Dormir dans une remorque-roulotte tirée par un vélo et faite de pancartes électorales réutilisées… difficile de faire plus écolo. À Longueuil, un projet père-fils réalisé en plein confinement leur permet de voyager sans polluer, sous le regard stoïque de Denis Trudel, Sherry Romanado ou Andrew Scheer.

L’histoire commence au cours de la soirée électorale fédérale de 2019. Armés de lampes frontales, Patrice Gauvin et son fils, Rafaël, alors âgé de 13 ans, attendent avec fébrilité la fermeture des bureaux de vote. En cette fin d’octobre, ils sont prêts à se lancer dans les rues de Longueuil pour prélever des pancartes électorales sur les poteaux municipaux.

Patrice Gauvin est ingénieur de formation, patenteux à ses heures et travaille dans l’aéronautique. Quelque temps auparavant, il a acquis le plan d’une roulotte minimaliste faite de Coroplast (plastique utilisé dans les pancartes électorales) sur le site de Paul Elkins – un Américain qui conçoit divers prototypes. Cette campagne électorale est l’occasion pour lui d’entreprendre le projet.

Consultez le site d’Elkins D.I.Y (en anglais)

« Le moment le plus mémorable, c’était quand on est allés retirer ‟bénévolement” les pancartes », raconte Rafaël Gauvin, sourire en coin. Notons que ce qu’il advient des pancartes électorales après les élections varie d’un parti politique à un autre. Des candidats les donnent même parfois à des citoyens ou des organisations.

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  • Patrice Gauvin montre l’intérieur de sa remorque-roulotte faite de pancartes électorales.

    PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Patrice Gauvin montre l’intérieur de sa remorque-roulotte faite de pancartes électorales.

  • Un minifrigo se trouve dans l’une des deux remorques-roulottes à vélo faites de pancartes électorales.

    PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Un minifrigo se trouve dans l’une des deux remorques-roulottes à vélo faites de pancartes électorales.

  • Rafaël Gauvin à l’intérieur d’une des deux remorques-roulottes

    PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Rafaël Gauvin à l’intérieur d’une des deux remorques-roulottes

  • Remorque-roulotte faite à partir de pancartes électorales. Ici, la députée libérale Sherry Romanado.

    PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

    Remorque-roulotte faite à partir de pancartes électorales. Ici, la députée libérale Sherry Romanado.

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En tout, 12 pancartes ont servi au projet. Le résultat : deux remorques-roulottes à vélo, en mesure d’accueillir chacune une personne allongée ou assise, du rangement et même un petit frigo. À l’extérieur, elles sont percées de fenêtres sphériques ou carrées et ont un aspect arrondi et sympathique, comme une coquille d’escargot. À l’intérieur, les teintes des divers partis politiques – et le regard des candidats – colorent l’espace.

Voyager léger

« Je suis plus un voyageur qu’un cycliste, explique Patrice Gauvin. Mais avec les changements climatiques, je me sentais de plus en plus inconfortable de prendre ma voiture. »

Pour Rafaël, l’aspect environnemental du projet va de soi : « On a juste une planète et si on utilise toutes nos ressources, on va crever. Donc oui, c’est important pour moi », a-t-il dit à La Presse, assis dans sa cour du Vieux-Longueuil.

Le père et le fils ont profité du confinement au printemps 2020 pour construire les deux remorques, dans le sous-sol de leur domicile. Pour fêter leur accomplissement, ils ont improvisé une séance de camping, directement dans la maison.

À l’été, Patrice Gauvin a rapidement réalisé que les caravanes étaient lourdes à tirer, à vélo. Pour pouvoir voyager, il a décidé d’aller plus loin que le design original en ajoutant des panneaux solaires. Cette énergie alimente un vélo à assistance électrique et refroidit le petit frigo.

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Les panneaux solaires alimentent un vélo à assistance électrique et le minifrigo.

Grâce à cet ingénieux ajout, le Longueuillois a déjà parcouru environ 1000 kilomètres dans la province, se promenant en Montérégie, dans la Capitale-Nationale et dans les Cantons-de-l’Est.

Ce qui est le fun avec ça, c’est que je peux aller n’importe où. J’ai ma petite maison avec moi tout le temps. Je me couche en pleine ville, dans n’importe quel stationnement, et tout le monde trouve ça cool. 

Patrice Gauvin

Humour apolitique

« Moi, je dis qu’on est des bénévoles pour tous les partis politiques », remarque Patrice Gauvin avec un sourire contagieux. L’homme se décrit comme apolitique. Ce n’est donc pas ses candidats favoris qui déterminent le choix des pancartes.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD), par exemple, est automatiquement exclu. La raison ? Il n’utilise pas des pancartes assez grandes !

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Rafaël et Patrice Gauvin montrent leur récolte après les élections fédérales de 2021.

L’état des affiches a aussi son importance : « Nos préférées, ce sont les pancartes où il n’y a pas de gros trous », explique Patrice Gauvin. Il regrette que lors de la campagne électorale fédérale de 2021, l’usage d’une machine à clous ait été répandu, ce qui abîme le matériel. Le Bloc québécois avait la palme des pancartes en meilleur état, selon Patrice Gauvin.

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Patrice Gauvin a aussi fabriqué une petite remorque à vélo avec des pancartes électorales lui permettant de transporter son épicerie.

D’autres projets en Coroplast ont vu le jour depuis chez les Gauvin, comme un but de hockey et une remorque à vélo permettant de faire l’épicerie. Ce ne sont pas les idées qui manquent.

« Avec les élections fédérales, municipales, et les élections provinciales qui s’en viennent, c’est une bonne année, se réjouit Patrice Gauvin. On va récolter ! »