De la paille en carton au gobelet compostable, les solutions pour remplacer le plastique à usage unique sont multiples. Mais une majorité d’entre elles restent jetables, avec une empreinte carbone (liée à la production et au transport) non négligeable pour l’environnement. La jeune pousse Cano veut renverser la balance en proposant des tasses réutilisables en circuit fermé, traçables grâce à une application mobile.

« Le BIXI des contenants »

Fondée en 2017 par Marco Gartenhaus, Cano propose une solution innovante pour remplacer les gobelets à usage unique : une tasse réutilisable que le consommateur peut emprunter. « C’est un peu comme le BIXI des contenants », s’enthousiasme Fanny Brosseau, directrice marketing chez Cano. Chaque tasse possède un code QR permettant de s’assurer que l’utilisateur la rapporte bien à un point de collecte. S’il le fait en moins de 48 heures, un système de fidélisation lui permet d’obtenir certains avantages, comme des cafés gratuits.

La différence par rapport à une consigne habituelle ? Ce système est gratuit : le consommateur n’a pas à payer 1 ou 2 $ sur le moment, mais il doit rapporter la tasse dans les 14 jours suivants, sous peine d’une facturation de 20 $ s’il dépasse ce délai. « Le but de la circularité de notre projet, c’est que les gens les empruntent, mais ne les oublient pas chez eux, ou ne les laissent pas traîner quelque part. On veut les responsabiliser », ajoute Mme Brosseau.

Durable ou jetable ? Telle est la question

La jeune pousse propose également des contenants pour repas. « Tous nos produits sont dessinés à Montréal. La tasse est fabriquée en Ontario, et le contenant repas est actuellement fabriqué en Chine », précise Salma Amzil, designer sénior chez Cano. « Mais éventuellement, on aimerait vraiment que [la production] soit au Canada ou au moins nord-américaine. »

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Salma Amzil, designer sénior, et Fanny Brosseau, directrice marketing, chez Cano

La vaisselle jetable est plus polluante que la vaisselle durable. […] Vous ne pouvez même pas vous imaginer la quantité d’eau que ça prend pour produire une tasse en papier !

Mario Laquerre, enseignant au Centre universitaire de formation en environnement et développement durable de l’Université de Sherbrooke

Des analyses de cycles de vie de divers types de tasses (gobelet jetable en carton et polyéthylène, tasse en céramique lavée au lave-vaisselle, gourde lavée à la main…) ont été réalisées dans un rapport du Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG), en 2014. De nombreux paramètres ont été évalués, comme l’empreinte carbone, la consommation d’eau, l’énergie dépensée, l’impact sur la santé humaine ou sur les écosystèmes. Pour chaque critère, les options réutilisables sont gagnantes ou équivalentes par rapport à l’option jetable, mais seulement à condition qu’elles soient utilisées un certain nombre de fois (entre 50 et 300 fois, selon le matériau).

PHOTO FOURNIE PAR CANO

Contenant pour repas

Un contenant comme le nôtre, on va arriver à une empreinte carbonique qui est moindre ou égale à celle d’un contenant jetable lorsqu’on atteint 25 à 50 utilisations. Si on multiplie par 100 le nombre d’utilisations, l’empreinte carbonique de nos produits devient presque neutre. […] C’est pour ça qu’on veut maximiser du mieux qu’on peut les usages de nos contenants.

Fanny Brosseau, directrice marketing chez Cano

Vers la fin du plastique à usage unique

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Un système de tasses réutilisables Cano a récemment été mis en place à l’Université de Montréal.

Tout l’enjeu est de rendre cette mesure attrayante pour les entreprises et les établissements. « Elles doivent récupérer les gobelets, les laver… Pour une entreprise, c’est tout un changement de passer des gobelets jetables à des gobelets réutilisables », souligne Caroline Boivin, professeure de marketing à l’Université de Sherbrooke. « On transfère les contraintes que les consommateurs pouvaient avoir sur l’entreprise. »

Dates clés

2023 : interdiction du plastique à usage unique à Montréal (restaurants, établissements alimentaires)

2030 : objectif de zéro déchet de plastique du gouvernement fédéral

Sources : Ville de Montréal et gouvernement du Canada

Cano comptait 2500 utilisateurs avant la pandémie, répartis dans trois universités, un cégep et deux entreprises. Sa solution pourrait bientôt être offerte aux cafés et aux restaurants, qui cherchent activement des solutions de rechange au plastique à usage unique.

Il va sûrement y avoir un gros boom des options compostables. Notre but, c’est de travailler assez fort pour que les options réutilisables prennent peut-être le dessus, parce que c’est une solution qui peut réduire davantage les émissions de gaz à effet de serre.

Fanny Brosseau, directrice marketing chez Cano

La tasse réutilisable Cano en chiffres

75 000 emballages jetables sauvés
10,5 tonnes d’équivalent CO2 évitées
2,25 tonnes de déchets évitées

Source : Cano