(Québec) Québec solidaire (QS) exige que François Legault renonce à son projet de troisième lien avant de se rendre à la COP26, le grand sommet des Nations unies sur les changements climatiques.

Le premier ministre a annoncé la semaine dernière qu’il participera à la COP26 au début de novembre à Glasgow, mais selon QS, le projet de tunnel Québec-Lévis du gouvernement caquiste est totalement incompatible avec le rôle que devrait occuper le Québec sur la scène internationale.

« Je trouve ça gênant pour le Québec », a affirmé jeudi le chef parlementaire de QS, Gabriel Nadeau-Dubois, en conférence de presse dans le hall de l’Assemblée.

« Aucune crédibilité climatique »

« François Legault n’aura aucune crédibilité climatique devant les leaders du monde entier tant et aussi longtemps qu’il va s’entêter à défendre son projet de troisième lien, un projet dépassé, un projet polluant. »

Ce mégachantier évalué au bas mot à 10 milliards est un engagement fétiche de la CAQ.

Le gouvernement caquiste a déjà plaidé qu’il s’agissait d’un projet « vert » parce qu’il intégrait du transport en commun et parce qu’il allait réduire la congestion, mais M. Nadeau-Dubois rétorque que « personne ne va croire François Legault quand il va essayer de les convaincre que c’est un projet vert ».

Chose sûre, le projet pourrait difficilement réduire le bilan des gaz à effet de serre (GES) émis par le Québec, alors que la COP a pour but de réunir tous les États qui s’engagent à réduire leurs émissions.

« Il y a un tiers du projet qui est consacré au transport collectif, moi, je n’ai aucun mal à parler du troisième lien et du leadership du Québec en matière de changements climatiques (à Glasgow) », avait pour sa part argué le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

M. Legault a déjà pour sa part lui-même qualifié le troisième lien de « moins pire projet ».

« Se vanter d’un tunnel à six voies »

« Le Québec pourrait être un des champions du monde en matière de transition, et on a un premier ministre qui va aller se vanter d’un tunnel à six voies sous le fleuve Saint-Laurent », a déploré le dirigeant de QS.

Rappelons qu’il n’y a toujours pas d’évaluation précise des coûts d’un éventuel troisième lien.

Il est d’usage que les pays, États fédérés et villes qui prennent part à ces sommets internationaux arrivent avec de nouveaux engagements, pour atteindre leurs objectifs de réduction des GES, en conformité avec l’accord de Paris convenu en 2015.

« Malheureusement, si la tendance se maintient, François Legault va se présenter les mains vides à la COP26 », a conclu M. Nadeau-Dubois.

M. Charette a laissé entendre qu’il allait présenter de nouvelles mesures dans les prochaines semaines, comme l’opposition le réclame d’ailleurs.

Mercredi, le Parti québécois a obtenu du gouvernement un engagement pour qu’un comité interministériel se penche sur des mesures pour aider les travailleurs dont l’emploi pourrait être en péril en raison de la transition écologique.

Le PQ a aussi obtenu que le comité scientifique qui conseille le ministre de l’Environnement se penche sur la faisabilité d’un « budget carbone ».

Il s’agit d’un outil mis en place dans plusieurs pays afin de comptabiliser précisément les émissions de gaz à effet de serre (GES), secteur par secteur, année après année, en vue de suivre les progrès ou les retards dans l’atteinte des cibles de réduction des GES.

La COP26 s’inscrit dans la suite de la COP21, l’Accord de Paris, en vertu duquel les États avaient convenu de limiter la hausse des températures et réduire leurs émissions de GES.

La COP26 vise notamment à mettre en œuvre des mesures pour atteindre l’objectif « zéro émission » d’ici à 2050.

Parmi les points ciblés par les organisateurs de la conférence, les États devront notamment freiner la déforestation, renoncer plus rapidement au charbon, augmenter le nombre de véhicules électriques.