Les organismes de conservation des neuf collines montérégiennes lancent un cri du cœur et réclament un plan d’action pour mieux protéger ces milieux naturels qui font face notamment aux pressions des promoteurs et aux nombreuses conséquences des changements climatiques.

Ces organisations vont annoncer ce mardi la formation d’une coalition « pour que leurs préoccupations quant au sort des collines montérégiennes soient portées d’une même voix auprès des instances municipales et gouvernementales ».

Selon Pascal Bigras, directeur général de Nature-Action Québec, un groupe qui se joint à la coalition, les Montérégiennes sont victimes de leur popularité. « On les aime à les faire mourir, illustre-t-il. On a besoin de ces montagnes et de leur biodiversité, mais les gens les tiennent pour acquises. »

Les membres de la coalition constatent « une hausse marquée de l’achalandage et une croissance du développement des collines montérégiennes qui, combinées aux impacts des changements climatiques, contribuent à l’accélération de la dégradation de leurs milieux naturels ».

Or, déjà en 2012, les groupes avaient déterminé les principales menaces qui planaient sur les neuf collines, dont le développement résidentiel, commercial et touristique, les activités récréatives et les espèces envahissantes.

Les enjeux sont plus nombreux presque 10 ans plus tard, mais les actions ne sont pas vraiment au rendez-vous, signale M. Bigras. « Il y a une sorte de péril en la demeure et une nécessité d’agir. » Avec les élections fédérales, les élections municipales et provinciales à venir, la coalition veut aussi interpeller les candidats afin qu’ils s’engagent à mieux protéger les Montérégiennes avec un financement récurrent.

Les collines montérégiennes, rappelons-le, sont formées des monts Royal, Saint-Bruno, Saint-Hilaire, Saint-Grégoire, Rougemont, Yamaska, Shefford, Brome et Mégantic.

« Il faut que ça bouge »

La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a approuvé, le 16 août dernier, la création d’un groupe de travail pour les Montérégiennes. Le comité aura notamment pour mandat « de proposer des mesures pour encadrer l’urbanisation, dont le développement résidentiel, au pourtour des collines montérégiennes ».

Soulignons que quatre des neuf collines sont situées sur le territoire de la CMM, soit les monts Royal, Saint-Bruno, Saint-Hilaire et Rougemont.

Le dossier des Montérégiennes met aussi en lumière les besoins pour des actions communes en matière d’aménagement du territoire, une demande récente des maires de Montréal, Québec et Gatineau, qui réclament des règles plus contraignantes pour les municipalités.

La nouvelle coalition, qui siégera au comité de la CMM, veut « accélérer l’élaboration d’un plan d’action régional qui sera accompagné de mesures au plan réglementaire et financier ».

« Il faut que ça bouge, répète Pascal Bigras. On a eu un diagnostic [sur les Montérégiennes] en 2012, il y a eu des assises en 2016, mais entre les évènements, il ne se passe pas grand-chose. »

En 2012, un rapport indiquait que cinq des neuf collines faisaient face à des pressions « élevées » ou « très élevées » en matière de développement résidentiel, commercial ou touristique. Or, la situation ne s’est pas améliorée.

Au mont Rougemont, par exemple, il s’est développé toute une filière agrotouristique. « On est contents de voir ça, mais en même temps, il faut aussi s’assurer que ce développement soit fait dans l’intérêt de la montagne », précise Pascal Bigras.

En bref

70 %

Proportion du territoire des Montérégiennes constitué de terres privées

Agrile du frêne

Depuis le rapport « diagnostic » de 2012, l’agrile du frêne s’est propagé sur tout le territoire des Montérégiennes. « Il ne faudrait pas qu’une autre bestiole arrive des États-Unis, ça serait catastrophique », plaide Pascal Bigras.

Cerf de Virginie

Selon Pascal Bigras, les Montérégiennes sont elles aussi aux prises avec une problématique de cerfs de Virginie, qui affecte la biodiversité des collines.