(Québec) Il faut un « débat public » sur la pollution en hausse constante générée par l’automobile au Québec.

C’est ce que réclame le Parti québécois (PQ) à la suite de la publication du plus récent rapport du commissaire au développement durable : il conclut que le Québec est un cancre en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) causées par le transport routier.

« Ouvrir la porte »

« Il faut ouvrir la porte » à une hausse éventuelle des prix des carburants et des taxes plus élevées sur les véhicules plus polluants, pour changer les comportements, a laissé entendre le député péquiste Sylvain Gaudreault, dans une entrevue avec La Presse Canadienne vendredi.

Au Québec, les émissions de GES provenant des transports routiers ont augmenté de 59 % entre 1990 et 2018.

Le commissaire Paul Lanoie indique qu’il s’agit du « talon d’Achille » du Québec et constate qu’un groupe d’États comparables ont beaucoup mieux réussi à ralentir l’augmentation de la pollution émanant du transport, avec des incitatifs financiers ou des taxes plus élevées sur les carburants à la pompe, des systèmes appelés « bonus-malus ».

Un « signal fort »

« Ce rapport est un signal fort pour que le gouvernement bouge sur ce front », a affirmé Sylvain Gaudreault.

Sans aller jusqu’à préconiser des hausses draconiennes des taxes sur les carburants ou une surtaxe très élevée sur les véhicules énergivores comme dans les pays retenus en exemple dans le rapport, le député péquiste de Jonquière appelle à un débat, tout en tenant compte des réalités différentes du Québec.

En effet, par rapport aux États européens choisis à titre de comparaison, M. Gaudreault fait valoir que le Québec évolue dans un environnement politique nord-américain, où les véhicules utilitaires sport (VUS) sont déjà très répandus, et que beaucoup de travailleurs ou d’entrepreneurs ont besoin par exemple de camionnettes.

Comité scientifique

Le député péquiste de Jonquière réclame en outre que le nouveau comité consultatif sur les changements climatiques mis sur pied par le gouvernement l’an dernier examine le rapport du commissaire et fasse des recommandations.

Ces recommandations pourraient être présentées à la mise à jour annuelle prévue par le ministre de l’Environnement du Plan pour une économie verte. Des mesures doivent en effet être ajoutées à ce plan pour que le Québec atteigne ses cibles de réduction de GES.

Dans son rapport, le commissaire Paul Lanoie souligne qu’en 2018, plus du tiers des émissions de GES au Québec provenait du transport routier, par rapport à 21 % en 1990. Et ce ne sont pas les véhicules lourds qui sont responsables : 63 % des émissions émanent des autos et des camionnettes.

Alors que les émissions du Québec en transport routier ont bondi de 59 % entre 1990 et 2018, le Danemark (+31 %), la France (+ 8 %), le Royaume-Uni (+ 2 %) et la Suisse (+ 3 %) ont tous réussi à ralentir la hausse des émissions des véhicules routiers, tandis que la Suède a même réussi à réduire de 13 % ses émissions.

Le commissaire dit avoir choisi ces pays parce que leur taux de croissance économique et démographique est comparable ou supérieur au Québec

Prix de l’essence

Mais alors que le prix moyen de l’essence était de 1,20 $ le litre au Québec pour la période observée, la moyenne était de 2,34 $ le litre dans les cinq États choisis, fait-il remarquer. Le pourcentage de taxe prélevé sur chaque litre s’élevait à 42 % au Québec, mais entre 53 et 63 % dans les États retenus.

De surcroît, en France et en Suède, des formules de droit d’acquisition additionnel relatif à la consommation du véhicule ont été imposées.

Par exemple, à l’achat d’un modèle de véhicule utilitaire sport populaire au Québec, muni d’un moteur quatre cylindres de 2,5 litres émettant 184 grammes de CO2 par kilomètre : en France, cet achat serait assorti d’une taxe supplémentaire de 10 807 $, tandis qu’en Suède, la taxe serait de 3660 $ par an pendant trois ans.

Le commissaire recommande-t-il de telles mesures au Québec ? Non, mais selon lui, cela pourrait influencer des mesures dans l’avenir.