(Ottawa) Le ministre fédéral de l’Environnement affirme qu’on ne pourra pas réduire les émissions de gaz à effet de serre sans éliminer les centrales électriques au charbon, mais des environnementalistes lui rappellent que le leadership du Canada est entaché tant qu’il continue d’exporter ce minerai.

Jonathan Wilkinson coprésidait mardi un sommet virtuel de deux jours de la « Powering Past Coal Alliance », une coalition internationale créée avec le Royaume-Uni il y a trois ans pour faire pression sur le monde afin d’éliminer le charbon comme source d’énergie. La coalition affirme que les pays riches devraient éliminer le charbon d’ici 2030 et le reste du monde, d’ici 2050.

Le charbon est la principale source des émissions mondiales de gaz à effet de serre, représentant environ 38 % des émissions totales en 2018.

Le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a déclaré aux participants du sommet que le monde entier devait se débarrasser du charbon d’ici 2040, sinon la lutte contre le réchauffement climatique serait perdue.

« Si nous prenons des mesures immédiates pour mettre fin aux combustibles fossiles les plus sales, les plus polluants et de plus en plus coûteux de nos secteurs énergétiques, alors nous avons une chance de réussir », a-t-il soutenu.

Il a dit que dans presque tous les pays, la construction de nouvelles sources d’énergie renouvelables, comme l’énergie éolienne et solaire, est désormais moins chère que la construction d’une nouvelle centrale au charbon.

Le ministre Wilkinson a affirmé que davantage de gouvernements se rendaient compte que l’élimination du charbon « est la première et peut-être la plus importante étape » vers l’atteinte des objectifs de l’accord de Paris visant à limiter l’augmentation moyenne de la température mondiale à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels.

« Nous ne pouvons pas atteindre ces objectifs ou créer un avenir viable pour nos enfants et nos petits-enfants avec la poursuite de l’électricité au charbon », a-t-il plaidé.

Le Canada a réduit de plus de moitié sa consommation d’énergie au charbon au cours des deux dernières décennies, en grande partie parce que l’Ontario a complètement éliminé ses centrales au charbon. Le charbon était au sommet de la production d’électricité au Canada vers l’an 2000, alors qu’il représentait environ un cinquième des sources d’énergie. En 2018, ce pourcentage était tombé à 8 %, et seuls l’Alberta, la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse en dépendent encore.

Le Canada exige que toute l’énergie au charbon soit éliminée ou équipée d’une technologie de captage du carbone d’ici 2030. L’Alberta est sur le point de fermer ou de faire passer ses centrales au charbon au gaz naturel d’ici 2023. Les autres provinces en sont à diverses étapes de la transition, avec des accords individuels avec Ottawa sur le déroulement.

Les exportations canadiennes se poursuivent

Mais tandis que le Canada s’efforce de réduire la pollution due au charbon chez lui, il continue d’exporter des millions de tonnes de charbon pour produire de l’électricité à l’étranger, principalement en Corée du Sud, au Japon, au Chili, à Hong Kong et au Vietnam.

Selon Julia Levin, responsable du programme climat et énergie au sein de l’organisme Environmental Defence, de Toronto, les exportations canadiennes doivent cesser, sans quoi le Canada fera simplement preuve d’hypocrisie en vendant aux autres un « combustible sale » qu’il ne veut pas utiliser lui-même.

Environmental Defence estime que le Canada exporte entre 17 et 20 millions de tonnes de charbon thermique pour produire de l’électricité chaque année, ce qui émettrait entre 37 et 44 millions de tonnes de gaz à effet de serre lorsqu’il est brûlé.

Les exportations du Canada comprennent aussi maintenant des millions de tonnes provenant du Wyoming, de l’Utah et du Montana, étant donné que les ports de la côte ouest des États-Unis ont commencé à interdire les exportations de charbon thermique à partir de leurs quais.

M. Wilkinson a ordonné un examen stratégique des exportations de charbon thermique en 2019, et a déclaré à La Presse Canadienne récemment que l’élimination progressive des exportations de charbon thermique parallèlement à la fermeture des centrales du Canada restait « à l’étude ».