S’il n’en tient qu’au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), le plus important dépotoir du Québec devrait recevoir le feu vert pour son projet d’agrandissement. Mais du même souffle, l’organisme souhaite que certaines balises soient mises en place.

Le BAPE a rendu public aujourd’hui son rapport au sujet du projet d’agrandissement du lieu d’enfouissement technique de Lachenaie, à Terrebonne. Le site reçoit notamment les déchets des 82 municipalités de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM). Surnommé « la plus grosse poubelle du Québec », 95 % des matières résiduelles qui y sont enfouies proviennent d’ailleurs de la CMM.

L’exploitant, Complexe Enviro Connexions, souhaite agrandir son site pour y enfouir 7,6 millions de tonnes de déchets supplémentaires d’ici la fin de la décennie. Le site actuel ne sera plus en mesure de recevoir de nouveaux déchets dès 2029.

Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) avait confié au BAPE le mandat d’étudier la demande d’agrandissement avant de rendre sa décision.

Le BAPE a conclu que la demande est « justifiée » dans la mesure où ne rien faire pourrait avoir de sérieuses conséquences, à moins qu’on observe « une baisse drastique et rapide des besoins d’enfouissement de la CMM ». « Le refus d’autoriser ce projet pourrait créer un déficit de capacité d’élimination dans les prochaines années », indique-t-on.

Sauf que le BAPE ne souhaite pas qu’on donne carte blanche à Complexe Enviro Connexions. « Le MELCC devrait plutôt établir le tonnage maximum autorisé en fonction du territoire traditionnellement desservi, et non pas sur la continuité des opérations actuelles du site. »

Le BAPE demande aussi à ce que l’opérateur ne puisse élargir son territoire et qu’il se contente de traiter les déchets provenant du territoire actuellement desservit.

L’organisme doit en principe tenir des audiences publiques en 2021 sur l’enjeu de l’élimination des déchets au Québec. Le BAPE souhaite donc que Québec attende les recommandations à venir avant d’autoriser le projet de Lachenaie, quitte à délivrer temporairement une autorisation de courte durée.

Pour Karel Ménard, directeur de Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, ce feu vert du BAPE « était inévitable ». Mais il accueille positivement certains bémols mis de l’avant dans le rapport. Ce qui manque, selon M. Ménard, c’est une meilleure planification. « J’aimerais ça avoir un plan d’ensemble [sur la gestion des déchets] pour le Québec. »

La question de la gestion des déchets préoccupe d’ailleurs de plus en plus la CMM, qui souhaite d’ailleurs réduire drastiquement la quantité de matières envoyées dans les sites d’enfouissement.

La solution ne peut pas passer uniquement par l’agrandissement des sites d’enfouissement ou encore par de nouvelles technologies pour éliminer les déchets, rappelle Karel Ménard. « Il faut commencer à être préventif, pas seulement curatif. »