La population de caribous migrateurs de la rivière George a augmenté pour la première fois depuis 1993, une bonne nouvelle qui s’accompagne toutefois d’un important bémol.

Le troupeau est désormais constitué de 8100 individus, d’après l’inventaire réalisé en juillet dernier par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec (MFFP) ainsi que le département des Pêches, de la Foresterie et de l’Agriculture Terre-Neuve-et-Labrador.

Il s’agit d’une augmentation de 47 % par rapport à l’évaluation de 2018, qui avait estimé à 5500 individus la population de caribous migrateurs de la rivière George, une espèce différente du caribou forestier et du caribou montagnard.

Or, cette augmentation « est largement attribuable au grand nombre de faons observés », précise le MFFP dans un communiqué publié jeudi.

Cette nuance est importante, souligne la directrice générale de Nature Québec, Alice-Anne Simard, auteure d’une maîtrise sur le caribou migrateur de la rivière George.

« La mortalité des faons est un des facteurs importants qui a mené au déclin du troupeau », a-t-elle expliqué à La Presse, précisant que c’est leur taux de survie au terme de l’hiver qui vient qui sera déterminant.

L’inventaire réalisé en juillet a également constaté qu’en dépit de l’augmentation générale de la population, le nombre de caribous adultes, lui, a chuté de 27 % par rapport à l’inventaire de 2016.

Le MFFP prévient qu’il faudra attendre de voir si l’augmentation du cheptel se maintient lors des prochains inventaires « avant de statuer sur la perspective de son rétablissement ».

Québec ne dit toutefois rien sur une éventuelle désignation du caribou migrateur comme espèce menacée, que les scientifiques recommandent depuis plusieurs années, rappelle Nature Québec.

« L’important, c’est que l’espèce puisse avoir une désignation légale pour avoir une protection légale de son habitat », estime Alice-Anne Simard.

Un déclin causé par l’Homme

À son sommet, en 1993, la population de caribous migrateurs de la rivière George s’établissait à quelque 800 000 individus ; son déclin est donc de l’ordre de 99 %.

L’augmentation du cheptel observée cette année est certes un signe « encourageant », estime Nature Québec, mais les causes du déclin de l’espèce n’ont pas changé, tempère l’organisation.

Et ces causes sont essentiellement anthropiques, explique Alice-Anne Simard.

« À cause des changements climatiques, les ours noirs se rendent de plus en plus dans le Nord et se retrouvent sur les aires de mise bas des femelles, où ils vont attaquer les faons », explique-t-elle.

Les loups ne sont pas en reste, eux dont les déplacements sont facilités par l’ouverture de chemins forestiers.

Le réchauffement des températures favorise également la prolifération des parasites qui s’attaquent au caribou, ajoute Mme Simard.

La chasse sportive, elle, a été suspendue indéfiniment en 2012, au Québec, et fait l’objet d’un moratoire depuis 2013, à Terre-Neuve-et-Labrador.