Bonne nouvelle pour ceux qui accumulent leurs contenants consignés depuis deux mois et qui commencent à manquer sérieusement de place. Dans quelques jours, il sera possible de les retourner dans les stationnements de certains supermarchés.

Une entente est intervenue lundi entre les détaillants, l’Association des brasseurs du Québec (ABQ), RECYC-QUÉBEC et le ministère de l’Environnement.

Celle-ci prévoit que les supermarchés devront installer des kiosques de récupération des contenants dans leur stationnement ou organiser « de grandes corvées dans des espaces municipaux », par exemple.

Ces opérations devront se faire « pendant différentes journées du mois de mai dans plusieurs régions du Québec », spécifie le document obtenu par La Presse.

La nouvelle méthode de récupération des contenants devra être pleinement opérationnelle le 18 mai. Les détaillants qui ne participeront pas seront forcés d’indiquer à leurs clients au moyen d’une affiche le nom du commerce le plus proche qui accepte de reprendre les contenants consignés. Il pourrait s’agir dans certains cas d’un concurrent direct.

Rappelons que les détaillants qui vendent des boissons dont les contenants sont consignés sont tenus de les reprendre. Mais ils avaient cessé en mars affirmant que cela provoquerait des engorgements dans les entrées de magasins, notamment.

L’ABQ salue la signature de l’entente. « J’espère de tout cœur que ça va fonctionner. Je louange l’effort des détaillants et je donne une chance au coureur, même s’il faudra que les consommateurs changent leurs habitudes », a réagi son directeur général, Patrice Léger Bourgoin.

Le dirigeant précise qu’entre 350 et 400 millions de contenants consignés qui ont été vendus dans la province depuis le début de la pandémie. Du lot, un peu plus de 300 millions de canettes, bouteilles à usage unique et bouteilles à remplissage multiple qui auraient dû être récupérées par les détaillants.

PHOTO PATRICE LAROCHE, LE SOLEIL

Une épicerie de Québec a effectué une grande collecte de contenants consignés à Place Fleur de Lys, dimanche.

Conséquences du manque de bouteilles

Toutes les bouteilles réutilisables qui dorment dans les chaumières font en sorte que les brasseurs Labatt, Molson et Sleeman manquent de bouteilles pour maintenir leur pleine production. Québec a donc mis de la pression à la fin avril sur les détaillants pour qu’ils recommencent à récupérer les contenants consignés au plus vite.

Pour certaines micro-brasseries, c’est carrément la catastrophe : les contenants neufs coûtent le double, et eux aussi commencent à se raréfier, a raconté La Presse.

>>> (Re)lisez notre texte « Les brasseurs manquent de bouteilles »

En recevant un « ultimatum » de Québec, les supermarchés d’abord ont affirmé que ce n’était pas « une option envisageable » de « fragiliser leurs opérations » en acceptant que des contenants utilisés franchissent leurs portes.

Les Travailleurs unis de l’alimentation et du commerce (TUAC), qui représentent les employés des trois grandes chaînes d’alimentation du Québec craignaient entre autres pour la sécurité des travailleurs.

Aujourd’hui, ils accueillent favorablement l’entente. « Les personnes qui auront la délicate responsabilité de récupérer les contenants consignés pourront le faire dans un environnement beaucoup plus sécuritaire et entièrement adapté à cette tâche. »

L’enthousiasme est partagé par l’Association des détaillants en alimentation du Québec. « Nous sommes contents que le gouvernement ait respecté notre besoin de distanciation sociale et que les petits, comme les dépanneurs, qui n’ont pas l’espace ou la capacité d’organiser une corvée, ne soient pas obligés », a commenté le porte-parole Stéphane Lacasse.

Lorsqu’ils reprennent des contenants consignés, les détaillants obtiennent 2 ¢ (contenants à usage unique) ou 1 ¢ l’unité (contenants à remplissage multiple comme beaucoup de bouteilles de bière). Globalement, cela représente quelque 30 millions de dollars par année. Selon M. Lacasse, le coût véritable de la manutention est plutôt de 5 ¢ par contenant. Le tarif actuel, dit-il, date du milieu des années 80.