(St. John’s) Le blizzard qui a récemment paralysé l’est de Terre-Neuve démontre que les autorités doivent se préparer à des précipitations extrêmes et aux ondes de marée, même si un lien direct n’a pas encore été parfaitement établi entre les tempêtes individuelles et les changements climatiques, disent des climatologues.

Le 17 janvier, plus de 76 centimètres de neige sont tombés sur St. John’s et ses environs au milieu de rafales atteignant plus de 150 kilomètres à l’heure. La capitale provinciale a lancés un état d’urgence qui est demeuré en vigueur pendant huit jours afin de permettre aux équipes de déneigement de dégager les rues.

Selon plusieurs chercheurs consultés par La Presse canadienne, le Canada atlantique devrait subir d’autres épisodes du genre au cours des prochaines années. Les provinces doivent s’y préparer, ont-ils dit.

« La tempête a démontré que nous ne sommes pas vraiment préparés à une augmentation de l’intensité des tempêtes ni à la possibilité que celles-ci soient plus fréquentes », signale Brad DeYoung, océanographe à l’Université Memorial de Terre-Neuve.

Le Rapport sur le climat changeant du Canada publié l’an dernier par le gouvernement fédéral mettait la région de l’Atlantique en garde contre la montée des eaux et l’érosion des côtes. On y lit notamment que le littoral sud de la région de l’Atlantique « connaîtra la plus importante élévation du niveau relatif de la mer au Canada, atteignant de 75 à 100 cm dans le cas d’un scénario d’émissions élevées d’ici 2100 ».

Blair Greenan, un océanographe fédéral qui a supervisé le chapitre sur les océans du rapport, a dit par courriel que la science existante indiquait une plus grande probabilité de précipitations plus abondantes.

« Selon la physique bien comprise, à mesure que nous réchauffons l’atmosphère, la capacité de l’air à retenir la vapeur d’eau augmente, a-t-il souligné en anglais. Il est donc prévu qu’une atmosphère plus chaude se traduira par une augmentation des événements de précipitations extrêmes lorsqu’on regarde cela dans une perspective mondiale. »

« Il est certain que les changements climatiques pourront changer la fréquence et l’ampleur des tempêtes au Canada atlantique », a-t-il ajouté.

Le directeur, Adaptation, de l’Institut canadien pour des choix climatiques, Ryan Ness, souhaite lui aussi que les capacités locales à faire face aux tempêtes de neige soient renforcées afin que « nous n’ayons pas à faire appel à l’armée » après chaque événement météorologique.

Des unités des Forces armées canadiennes sont restées à Terre-Neuve pendant une semaine après le blizzard, afin de répondre notamment aux centaines d’appels de gens incapables de sortir de chez eux.

PHOTO ARCHIVES FORCES CANADIENNES VIA REUTERS

Réagir aux conditions météorologiques est devenu une activité de plus en plus fréquente pour les Forces armées canadiennes, en particulier dans le Canada atlantique. Des soldats ont été déployés pour aider à répondre aux inondations au Nouveau-Brunswick au printemps dernier et pour aider au nettoyage à Halifax après que le passage de la tempête post-tropicale Dorian.

L’an dernier, une analyse de La Presse canadienne a montré qu’une aide militaire avait été demandée pour 10 catastrophes liées aux conditions météorologiques au cours des deux années précédentes, comparativement à 20 appels de 2007 à 2016.

M. Ness a dit qu’il serait essentiel d’examiner les expériences des personnes les plus vulnérables aux tempêtes, comme les personnes âgées ou les personnes à faible revenu, au cours de la planification d’événements futurs susceptibles d’affecter la capacité d’une ville à fonctionner.

Il a également suggéré d’étudier une conception de logements plus durables, de légiférer sur ce qui peut être construit dans les zones à haut risque et de revoir les normes du code du bâtiment pour les entrées et les sorties dans les provinces soumises aux intempéries.