(Vancouver) De passage à Vancouver pour son troisième « vendredi pour le climat » au Canada, la jeune militante suédoise Greta Thunberg a déclaré que si les adultes aimaient véritablement les enfants, ils s’assureraient de leur léguer un avenir sain.

« Ce n’est pas ce qu’ils font, a-t-elle lancé à la foule. En ce moment, on a l’impression qu’ils font tout le contraire. »

D’après celle qui est devenue le visage emblématique de la lutte des jeunes contre les changements climatiques, les gens en position de pouvoir doivent réaliser le tort qu’ils causent aux générations futures.

Elle ajoute que les adultes préfèrent « changer de sujet » quand vient le moment d’aborder sérieusement l’enjeu climatique.

L’adolescente s’est réjouie de l’imposante foule estimée à 15 000 personnes selon les policiers de Vancouver.

« Ensemble, nous allons faire la différence », a-t-elle promis sous les cris et les applaudissements.

Des milliers de personnes, dont de nombreux adolescents, mais aussi des enfants avec leurs parents, se sont rassemblées sur un square en face du Musée des beaux-arts de Vancouver, au centre-ville. Sur des pancartes, on pouvait lire notamment : « Vous mourrez de vieillesse, les jeunes mourront de changement climatique ». Plusieurs leaders autochtones ont pris la parole, entre autres pour dénoncer l’expansion de l’oléoduc TransMountain entreprise par le gouvernement libéral de Justin Trudeau.

Greta Thunberg a soutenu que les émissions de dioxyde de carbone ont connu une croissance de 65 % depuis 1992.

« Si les leaders mondiaux avaient agi dès ce moment, quand ils ont été informés de la crise, imaginez toute la souffrance qui aurait pu être évitée », a-t-elle reproché aux chefs des gouvernements qui se sont succédé.

Elle a ensuite mis en garde les générations vieillissantes que les jeunes d’aujourd’hui vont les tenir responsables du désastre.

« Nous ne sommes pas que des enfants qui ratent l’école ou des adultes qui ne rentrent pas travailler. Nous sommes une vague de changement et ensemble personne ne peut nous arrêter. »

Poursuite contre le Canada

Vendredi, en marge de la visite de Greta Thunberg, 15 jeunes Canadiens de partout au pays ont annoncé leur intention de poursuivre le gouvernement du Canada en raison de l’impact du réchauffement climatique sur leur vie. Les jeunes, issus de sept provinces canadiennes et des Territoires du Nord-Ouest, allèguent que le gouvernement fédéral du Canada a contribué à augmenter les émissions de gaz à effet de serre (GES) et à accentuer les changements climatiques.

La jeune militante du climat qui jouit d’un rayonnement international a tenu à donner son appui à l’initiative de ces jeunes Canadiens.

Le recours avance que les changements climatiques nuisent déjà aux jeunes, que le gouvernement fédéral viole leurs droits à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne, garantis par la Charte canadienne des droits et libertés, et qu’Ottawa « a manqué à son devoir de protéger les ressources essentielles qui relèvent de la fiducie publique ».

Les jeunes avancent aussi que « les agissements de leur gouvernement violent leur droit à l’égalité en vertu de l’article 15 de la Charte, dans la mesure où ils sont touchés de manière disproportionnée par les effets du changement climatique ».

Les allégations n’ont pas été examinées par un tribunal et le gouvernement fédéral n’a pas commenté la poursuite.

La manifestation de vendredi à Vancouver était présentée comme une « grève climatique postélectorale », à l’instar des « vendredis pour l’avenir » inspirés des manifestations organisées par la jeune Greta Thunberg l’année dernière devant le Parlement suédois.

Les organisateurs veulent que le gouvernement de Justin Trudeau crée un « New Deal vert », qui enchâsserait dans une loi des cibles précises de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Des militants autochtones ont également pris la parole devant la foule. Cedar George-Parker, représentant des Tribus amérindiennes Tulalip et de la Nation Tsleil-Waututh, a plaidé que le gouvernement fédéral aurait mieux fait d’investir 4,5 milliards de dollars pour envoyer de jeunes Canadiens à l’université plutôt que pour acheter l’oléoduc Trans Mountain.

Il a rappelé que l’élargissement de l’oléoduc menaçait la population d’épaulards résidents du sud, une espèce déjà considérée en voie de disparition. Il a aussi prévenu que des vies humaines pourraient être en danger dans le cas d’un déversement.