(Edmonton) Un groupe de militants favorables aux hydrocarbures se prépare à manifester à Edmonton vendredi, alors que la jeune environnementaliste suédoise Greta Thunberg transportera son combat au cœur de l’industrie pétrolière et gazière du Canada.

Glen Carritt, l’organisateur du convoi « United We Roll » qui s’est rendu à Ottawa en février, a annoncé qu’un convoi similaire se mettrait en branle à Red Deer, à environ 150 kilomètres au sud de la capitale albertaine, dans la matinée.

Il a indiqué que les camions devraient arriver à l’Assemblée législative de l’Alberta à midi, au moment où doit commencer le ralliement contre les changements climatiques en présence de la jeune militante.

M. Caritt a affirmé que les Albertains qui dépendent de l’industrie des énergies fossiles en ont assez des célébrités qui se rendent dans la province uniquement pour leur dicter comment gérer leurs affaires.

« Nous sommes très frustrés par le fait que nous n’avons toujours pas de pipeline et que nous continuons à acheter du pétrole étranger », a-t-il ajouté.

Le contre-rassemblement se veut pacifique et vise à démontrer la fierté du secteur pétrolier et gazier de l’Alberta, a précisé M. Carritt.

« Nous n’avons plus besoin de ces personnes qui viennent nous parler de nos normes environnementales quand elles ne les connaissent pas et ne les comprennent pas vraiment », a-t-il déclaré.

Greta Thunberg, qui est actuellement en tournée en Amérique du Nord, a fait les manchettes des médias internationaux pour avoir accusé les dirigeants du monde de laisser tomber les jeunes en ne faisant que très peu d’efforts pour lutter contre les changements climatiques.

L’élève originaire de Stockholm, âgée de 16 ans, était à Montréal le mois dernier pour participer à une grande marche réclamant des actions concrètes et immédiates des gouvernements en réaction à la crise climatique. Des centaines de milliers de personnes y ont participé.

Greta Thunberg a également rencontré en privé ce jour-là le premier ministre Justin Trudeau et elle lui a dit la même chose qu’à tous les dirigeants du monde : ils n’en font pas assez et doivent écouter la science.

En Alberta, Greta Thunberg se trouvera toutefois au cœur d’un débat polarisant : comment tirer parti de l’économie actuelle qui produit beaucoup de carbone tout en se préparant à un avenir plus vert et faible en carbone ?

Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, a souhaité que Greta Thunberg reconnaisse les efforts déployés par l’industrie pétrolière et gazière de la province pour réduire ses émissions.

Il a également dit espérer que la militante écologiste soit chaleureusement accueillie à Edmonton, tout en précisant qu’il n’avait pas l’intention de la rencontrer.

La ministre de l’Énergie, Sonya Savage, a souhaité la bienvenue à la militante écologiste, mais elle dit comprendre que sa présence puisse déranger.

« On vit une crise de l’emploi en Alberta, alors les Albertains sont évidemment inquiets de voir leur secteur énergétique attaqué, a commenté Mme Savage. Mais les Albertains sont très accueillants, hospitaliers et ouverts. Alors, on accueille tout le monde. »

Cet argument de la peur est partagé par l’un des organisateurs des manifestations contre la présence de Greta Thunberg.

« Ça peut définitivement être terrifiant quand quelqu’un menace votre emploi », a soutenu Stephen Buhler, du groupe « Climate Justice Edmonton ».

La chef de l’opposition, la néodémocrate Rachel Notley, a fait savoir que des membres de son caucus pourraient assister au rassemblement mettant en vedette la militante suédoise.

Rachel Notley a dit vouloir rencontrer l’adolescente, tout comme les maires d’Edmonton et de Calgary Don Iveson et Naheed Nenshi.