Les tornades comme celle ayant frappé la Mauricie mardi soir ne sont pas plus fréquentes, mais elles seraient de plus en plus rapprochées dans le temps, selon les plus récentes études américaines sur les changements climatiques.

Le Camping Lac-aux-Sables, en Mauricie, a été frappé par une tornade de faible intensité, mardi soir. Trois personnes ont été blessées et neuf cents personnes ont dû être évacuées. Une équipe d’Environnement Canada était sur place hier matin pour évaluer les dommages et confirmer qu’il s’agissait bel et bien d’une tornade.

« La tornade va créer des dommages dans un corridor très restreint, contrairement à une microrafale, où le corridor est plus large. Si on a des vidéos très probantes, on ne se déplace pas toujours, mais ce n’était pas évident dans le cas d’hier », affirme André Cantin, météorologue d’Environnement Canada.

Les ingrédients de la tornade

Pour qu’une tornade se forme, elle a besoin de chaleur et d’humidité, mais ce n’est pas suffisant. « On a eu des journées chaudes et humides où il n’y a pas eu de temps violent. Ça prend un élément déclencheur. Dans le cas d’hier, c’était un front froid qui approchait de la région », explique le météorologue. Ce front a amené de l’air plus froid en altitude pour former une cellule orageuse.

Pour la tornade, ça prend encore un élément de plus : une différence d’intensité entre les vents de surface et les vents d’altitude crée l’environnement propice à la rotation.

André Cantin, météorologue d’Environnement Canada

L’intensité des tornades est liée à l’énergie disponible. Plus la chaleur est intense et l’humidité élevée, plus la tornade sera forte.

Et avec les changements climatiques ?

« On sait que l’atmosphère se réchauffe et qu’il y a plus d’humidité. On s’attend donc à ce que les orages deviennent plus fréquents, mais ce ne sont pas tous les orages qui peuvent produire une tornade », prévient David Sills, directeur général du projet Northern Tornadoes à l’Université de Western Ontario.

Au Canada, il n’y a pas eu beaucoup d’études sur la relation entre les changements climatiques et la formation de tornades. Aux États-Unis, plus de données sont disponibles et les tornades sont plus fréquentes. « Les données récentes avec les études américaines ne montrent pas un nombre plus élevé de tornades, mais elles semblent être plus regroupées dans le temps », rapporte David Sills.

En moyenne, six ou sept tornades par année se produisent au Québec. « Certaines années, on peut en voir une ou deux [pendant l’année] alors que pour d’autres, ça peut monter à une dizaine. Mais la moyenne reste la même. On ne constate pas d’augmentation de la fréquence ni de l’intensité », soutient André Cantin.

Un évènement soudain

Les équipes d’Environnement Canada surveillent de près les radars météorologiques, particulièrement en été, mais c’est impossible de savoir quand une tornade frappera.

« Au Québec, on a des tornades qui sont dans le bas de l’échelle d’intensité, alors ce sont souvent les plus difficiles à prévoir. Le radar va détecter de la rotation dans le nuage, mais on en détecte très souvent sans la formation d’une tornade. Pour les tornades de plus forte intensité, c’est possible d’émettre des alertes avec un préavis suffisant. Dans tous les cas, notre préavis ne dépassera jamais de 15 à 30 minutes, puisque la tornade se produit très rapidement », précise le météorologue.