Une majorité de Canadiens, et un nombre encore plus important de Québécois souhaitent que les normes de fabrication concernant la pollution émise par les véhicules soient maintenues ou renforcées, révèle un sondage.

Pour respecter ce désir citoyen, le gouvernement canadien devrait rompre avec les normes américaines, base sur laquelle sont copiées directement les exigences appliquées ici.

Le sondage commandé par Équiterre et Clean Energy Canada est publié alors que le gouvernement Trudeau devrait très bientôt prendre position. « Devant l'annonce imminente de nouvelles règles par le gouvernement canadien, on veut qu'il maintienne sa rigueur et qu'il divorce du gouvernement américain », demande Annie Bérubé, directrice des relations gouvernementales chez Équiterre.

En août 2018, le gouvernement Trump mentionnait son intention de revoir à la baisse les normes concernant la production de gaz à effet de serre appliquée aux voitures légères vendues sur le territoire américain. Cette décision renversait les objectifs de réductions mis en place par l'administration Obama.

L'annonce de Washington venait également avec l'obligation pour l'ensemble des États de se conformer aux règlements, retirant aux 14 États qui le souhaitaient le droit de prendre des décisions plus strictes et de façon indépendante. Au début avril, la Californie a décidé de poursuivre officiellement l'administration Trump devant les tribunaux remettant en question la légitimité du gouvernement Trump à agir de la sorte. Le joueur le plus important du marché de l'automobile aux États-Unis pointe du doigt les impacts concrets de la réglementation sur la santé des Américains et leur environnement. 

Le poids du Canada

Ensemble, les États américains progressistes s'opposant à Trump et le marché canadien représentent un peu moins de la moitié du marché automobile nord-américain. « Le marché canadien est important dans le débat », croit Mme Bérubé.

Au Canada, l'Association des fabricants de pièces automobiles du Canada (APMA) croit qu'il faut s'en remettre à la décision qui sera prise chez nos voisins du sud . « C'est raisonnable d'exprimer des préoccupations générales, mais on doit être prudent. Dans ce contexte, il ne faut pas isoler le marché canadien du marché américain », précise le président de l'APMA, Flavio Volpe.

La ministre canadienne d'Environnement et Changement climatique Canada (ECCC), Catherine McKenna semble aller dans ce sens, et agira sur la base des décisions prises aux États-Unis, mentionnant d'une même voix souhaiter une réglementation meilleure pour l'environnement.  « Le Canada envisage de suivre les actions de la Californie. À la suite de la publication d'une règle finale américaine, le ministère engagera des consultations pour déterminer si les normes d'émission de gaz à effets de serre pour les modèles 2022 à 2025 demeurent appropriées pour le Canada », a écrit Mark Johnson, porte-parole auprès des médias pour ECCC.

Les leaders du milieu automobile aux États-Unis, comme au Canada, ne s'opposent pas officiellement à des normes plus strictes, mais énoncent la complexité de devoir alimenter deux marchés aux normes distinctes. Ils craignent que la lenteur des décisions ne leur fasse perdre beaucoup de l'argent et qu'ils ne puissent pas s'adapter rapidement.

Le gouvernement Obama avait prévu qu'en 2025 les véhicules légers ne consommeraient que 4,2 litres d'essences au 100km. Washington souhaite désormais geler le tout à 6,4 L/100km, un niveau qui sera atteint en 2020.