(Québec) Le Québec prend part au grand sommet annuel des Nations unies sur les changements climatiques, la COP25, sans avoir aucune idée précise de la pollution atmosphérique qu’il émet.

C’est ce que dénonce Greenpeace, tandis que la COP25 bat son plein jusqu’à vendredi à Madrid. L’organisme environnemental estime que les plus récentes données sur les émissions ne sont pas publiées pour des raisons politiques.

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Le ministre de l’Environnement, Benoit Charette.

Le ministre caquiste de l’Environnement, Benoit Charette, représente le Québec à ce grand rendez-vous international où les États, nationaux et fédérés, doivent notamment convenir de mécanismes de reddition de comptes et de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre (GES).

En entrevue avec La Presse canadienne lundi, le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin, a déploré que le Québec n’ait toujours pas publié le bilan de ses émissions de gaz à effet de serre (GES) pour 2017, alors que pourtant le fédéral a dressé un bilan pancanadien de 2017 il y a huit mois, en avril dernier.

Or sans bilan annuel précis, il est impossible de savoir si le Québec se rapproche ou s’éloigne de la cible de réduction des GES de 20 % par rapport au niveau de 1990, en conformité avec ses engagements internationaux.

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Le porte-parole de Greenpeace, Patrick Bonin

« Le bilan, c’est un élément de base d’un tableau de bord pour savoir si on est en voie d’atteindre nos cibles, a commenté M. Bonin, qui est responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace. Si on n’a pas ces données c’est comme un gouvernement à l’aveuglette, sans boussole. »

Selon M. Bonin, rien ne permet de justifier ce retard, d’autant plus que la Coalition avenir Québec (CAQ) exigeait de la transparence et un portrait clair de la situation quand elle était dans l’opposition.

« C’est la base d’une bonne gestion, en finance comme en environnement, a plaidé M. Bonin. […] Je ne vois aucune explication logique dans ce retard si ce n’est qu’une volonté politique » de ne pas faire connaître les chiffres.

Bien connaître le bilan d’émissions de chaque pays est d’autant plus essentiel, a-t-il poursuivi, dans le contexte où les dernières données du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) tendent à démontrer que le réchauffement planétaire pourrait atteindre 3,5 degrés Celsius, plutôt que la cible 1,5 degré convenue dans l’Accord de Paris de 2015.

Il faudrait donc réduire les émissions de CO2 de 50 % dans le monde d’ici à 2030, et le Québec devrait donc aussi emboîter le pas, alors que sa cible actuelle est une diminution de 37,5 %.

Il faut donc une réponse plus musclée des États et des cibles de réduction plus exigeantes, comme l’ont fait le Danemark, la Colombie-Britannique, le Royaume-Uni, estime M. Bonin.

« Ça prend des leaders, a-t-il affirmé. Le Québec a un rôle à jouer et ne le joue pas. M. Charette va faire de beaux discours, mais il arrive les mains vides. »

Le ministre est à Madrid depuis dimanche et jusqu’à mercredi. Lundi, il a annoncé un troisième appel de projets dans le cadre du Programme de coopération climatique internationale. Par ce programme, le Québec soutient financièrement des projets en Afrique et dans les Antilles qui limitent les émissions de GES et qui permettent notamment des transferts de la technologie québécoise à l’étranger.

M. Charette « compte mettre en valeur le marché du carbone du Québec, l’électrification de ses transports et ses projets de coopération climatique internationale, en plus de prendre le pouls des meilleures pratiques internationales afin de nourrir la réflexion entourant l’élaboration du Plan d’électrification et de changements climatiques qui sera lancé au début de 2020 », peut-on lire dans les documents officiels.

Les partis d’opposition sont aussi représentés à la COP25. La députée libérale de Maurice-Richard, Marie Montpetit, la députée QS de Mercier, Ruba Ghazal, ainsi que le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, sont en mission pour leur parti à Madrid.