(Québec) La population devrait « descendre dans la rue » pour forcer les élus à diminuer l’usage des pesticides, des « poisons synthétiques ».

Des spécialistes de la santé ont ainsi dressé un portrait alarmant de l’effet des pesticides sur la santé, jeudi, à la commission parlementaire qui se penche sur cet enjeu.

Ce sont des « poisons synthétiques » qui ont des liens notamment avec la maladie de Parkinson et d’autres pathologies, ont-ils expliqué.

La population devrait « descendre dans la rue » pour forcer les élus à diminuer l’usage des pesticides, comme ce fut le cas aux Pays-Bas, a déclaré le professeur Jacques Brodeur, de l’Institut de recherche en biologie végétale de l’Université de Montréal.

« Un désastre »

«Si j’étais cynique, je vous dirais que peut-être, ce que ça nous prend au Québec, c’est un désastre écologique, un désastre sur le plan de la santé humaine, pour faire bouger le système. […] C’est un cri du cœur pour moi, j’espère que cette commission va mener à une mobilisation générale.»

Selon le Dr Jean Zigby, de l’Hôpital général juif, il y a déjà suffisamment d’études démontrant que lorsqu’un produit est suffisamment toxique pour être efficace contre certaines espèces animales et végétales, il serait très probablement toxique soit immédiatement, soit au fil du temps, pour les humains.

Tester les pesticides sur des humains, outre le fait que ce soit interdit, serait dévastateur, a-t-il imagé. « Les pesticides sont des poisons synthétiques et leur utilité est exactement parce qu’ils sont toxiques », et il serait horrifiant de « démontrer à quel point ils pourraient être toxiques pour nous », a expliqué le Dr Zigby.

Certains produits bannis en Europe pour leur « niveau de toxicité accablant » sont toujours en vente libre au Québec et ils devraient être interdits, selon l’organisme Parkinson Québec.

« Le gouvernement et le ministère de la Santé doivent envoyer un message fort à l’ensemble de la population, selon lequel les pesticides sont des produits hautement toxiques pour la santé humaine », a déclaré le pharmacien Romain Rigal, de l’organisme Parkinson Québec.

Moustiques et humains

L’humain partage 60 % de son génome avec le moustique, estime-t-on, et les produits qui sont développés pour liquider les insectes s’accumulent dans l’environnement et finissent par attaquer autant les animaux que les humains, a renchéri M. Brodeur.

« Lorsqu’on développe des molécules (pour les pesticides) qui ont pour effet de perturber le système endocrinien, le système neurologique des insectes, évidemment, ça peut avoir des conséquences très négatives sur la santé humaine », a-t-il expliqué.

Pommes et pesticides

Une étude récente d’une de ses élèves a révélé des résultats « désolants » et « troublants » qui l’ont choqué. Dans un verger moyen au Québec, la pulvérisation de pesticides est passée de 22 kg par hectare en 1976 à 45 kg en 2012. On applique 23 traitements par saison.

« Je recommanderais d’aller vers des pommes biologiques et de laver et enlever la pelure des pommes avant de les consommer », a répondu M. Brodeur à une députée caquiste.

Le biologiste a déploré « le copinage avec l’industrie agrochimique » qui fait qu’il est entre autres difficile pour un agriculteur de faire bande à part et se tourner vers d’autres pratiques plus saines.

« Nous avons collectivement échoué à remplacer les pesticides de synthèse », a-t-il conclu.