Enbridge se réjouit que les élus québécois recommandent l'inversion de son oléoduc 9B pour acheminer du pétrole de l'Ouest aux raffineries de Montréal et Lévis, mais elle reste pour l'instant muette sur les 18 conditions posées.

«Il est encore trop tôt [...] Nos équipes prennent connaissance du rapport et nous allons commenter ultérieurement», a indiqué le directeur des affaires publiques de la société albertaine, Éric Prud'Homme.

Parmi les demandes à Enbridge: créer une «unité de vigilance» avec Québec. Acheminer le pétrole seulement aux raffineries québécoises. Communiquer les rapports d'inspection à Québec pour lui permettre de produire une contre-expertise. Partager son plan de mesures d'urgence avec les municipalités et les aider financièrement à se préparer elles aussi. Prouver, comme l'exige désormais la loi fédérale, que sa couverture d'assurances lui permettra de rembourser jusqu'à un milliard de dollars en cas de catastrophe. Enfin, les élus québécois demandent à Ottawa de resserrer le contrôle sur le transport de matières dangereuses.

Favorable au projet

Pour le reste, on n'avait pas besoin de roulement de tambours hier. Sans surprise, l'Assemblée nationale, à l'exception de Québec solidaire, s'est prononcée en faveur du projet. Le gouvernement péquiste, le Parti libéral et la Coalition avenir Québec avaient un préjugé favorable envers ce projet. Ils voulaient protéger les emplois «de la filière de la pétrochimie, qui compte quelque 51 000 emplois au Québec», a déclaré la ministre déléguée à la Politique industrielle, Élaine Zakaïb.

Greenpeace remet en question le nombre d'emplois menacés. Son porte-parole Patrick Bonin rappelle que selon le mémoire du Conseil du patronat, «l'industrie pétrochimique du Québec compte quelque 26 000 travailleurs, dont 73% se trouvent dans la région de Montréal».

Comme Greenpeace, tous les environnementalistes s'opposaient au projet, qui encouragera entre autres la production de pétrole des sables bitumineux de l'Ouest canadien. Malgré son opposition au projet, Steven Guilbeault d'Équiterre se dit «content» des conditions posées qui permettraient d'«améliorer la sécurité». Il demeure toutefois sceptique quant à la réaction attendue de la société albertaine.

Le projet est de compétence fédérale et est donc examiné par l'Office national de l'énergie (ONE). La commission parlementaire de l'Assemblée nationale visait à poser les conditions de Québec en matière d'«acceptabilité sociale». Le rapport a été rédigé et complété moins deux jours après la fin des audiences.

«Si l'ONE ne répond pas aux conditions de Québec, je vois difficilement comment le gouvernement pourrait se laisser faire sans mener de bataille, dit M. Guilbeault. Surtout que c'est un gouvernement du Parti québécois.»