Interpellé par des groupes sociaux dans la foulée des audiences sur le projet d'oléoduc d'Enbridge, le ministre de l'Environnement a assuré mercredi que l'heure de la consultation publique approchait.

Yves-François Blanchet a été pris à partie par les représentants de divers groupes sociaux et environnementaux en début de journée.

Tour à tour, devant environ une quarantaine de manifestants opposés au projet d'inversion du flux de la canalisation 9B entre l'Ontario et le Québec, ils ont reproché au ministre son mutisme dans ce dossier.

L'action citoyenne avait lieu dans un parc jouxtant le Palais des congrès, à Montréal, où se tiennent ces jours-ci les audiences de l'Office national de l'énergie (ONÉ) sur le projet d'Enbridge.

«Nous demandons au gouvernement du Québec de sauter dans la mêlée. Ça fait assez longtemps qu'ils promettent une évaluation environnementale», a martelé Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie chez Greenpeace.

«Il est maintenant temps de donner le mandat de l'évaluation environnementale, parce que clairement, le fédéral veut autoriser ce projet-là», a-t-il poursuivi, dénonçant au passage l'opacité des audiences de l'ONÉ.

Le ministre Blanchet a dit comprendre ceux qui «sont déçus du déficit démocratique de la consultation plutôt étroite menée par l'ONÉ et le gouvernement canadien».

Dans un courriel envoyé en fin de journée à La Presse Canadienne, il a assuré qu'il en était «aux derniers détails avant de rendre la démarche publique» et a dit comprendre que les citoyens aient «hâte de pouvoir s'exprimer dans le cadre de la consultation québécoise».

Certains n'ont pas attendu avant de le faire : mercredi matin, les audiences de l'ONÉ ont en effet été perturbées par des militants qui souhaitaient dénoncer le caractère antidémocratique du processus.

Une vingtaine d'entre eux ont été expulsés de la salle où se tenaient les discussions, selon les organisateurs de l'action.

«La raison pour laquelle nous avons décidé de perturber les audiences, c'est que nous jugeons qu'il y a un déficit démocratique majeur», a exposé Kristian Gareau, du groupe Justice climatique Montréal.

Le projet de loi omnibus C-38 adopté en juin 2012 à la Chambre des communes, qui modifiait certaines dispositions de la Loi sur l'Office national de l'énergie, est à l'origine de ce déséquilibre, d'après M. Bonin.

«Si on compare l'audience à Montréal sur Enbridge, il y a moins de 170 intervenants. Pour un projet similaire d'Enbridge en Colombie-Britannique, le projet Northern Gateway, plus de 1500 personnes ont participé. Pourquoi? Parce que c'était avant la modification de la loi», a-t-il affirmé.

La société de distribution énergétique Enbridge, de Calgary, tente d'obtenir le feu vert des autorités pour inverser le flux de son oléoduc afin d'acheminer du pétrole des sables bitumineux de l'Alberta vers l'est du pays.

En août dernier, la première ministre Pauline Marois avait reconnu que le projet d'oléoduc comportait des avantages, mais que ses députés demeuraient divisés sur la question.