À deux semaines et des poussières des élections municipales, La Presse a invité les chefs des principaux partis montréalais à une rencontre dans ses bureaux de la rue Saint-Jacques. Louise Harel, de Vision Montréal, est la deuxième à répondre à nos questions hier.

Louise Harel estime qu'il y a trop d'élus à Montréal. Sans s'engager à en diminuer le nombre, elle promet qu'elle en discutera avec le gouvernement du Québec si elle est élue le 1er novembre prochain. Elle vise plus particulièrement le nombre de conseillers d'arrondissement, «des postes d'élus qui avaient été instaurés de façon transitoire, en 2000, mais qui ont été maintenus par l'administration Tremblay-Zampino», a-t-elle rappelé.

 

«Je ne veux pas me prononcer aujourd'hui sur combien il restera d'élus à la fin du processus, a insisté Mme Harel. Ça relèvera d'un débat entre Québec et Montréal. Mais ce que je souhaite, c'est qu'il y ait aussi un débat avec les citoyens. Il sera possible de l'entreprendre. Mais je ne voudrais pas qu'on dise aujourd'hui que ce débat est terminé.»

Louise Harel propose donc un grand ménage à l'hôtel de ville. Elle veut que le comité exécutif ne soit pas formé exclusivement que par des maires d'arrondissement, mais aussi par des conseillers. Elle veut aussi rapatrier des pouvoirs d'arrondissement à la ville centre. Comme la voirie, le déneigement et la gestion des matières résiduelles, par exemple. Mais de là à réduire le nombre d'arrondissements, il y a un pas que l'ancienne ministre péquiste ne veut pas franchir.

«Les arrondissements ont toujours leur raison d'être. Ils n'existaient pas avant la loi 170 que j'ai fait adopter à l'Assemblée nationale. Et je crois aux services de proximité. Toutes les grandes villes du monde dans les pays industrialisés ont des arrondissements. Mais beaucoup des grandes villes du monde ont transformé leurs arrondissements en quasi-villes, comme ici à Montréal, et ça, c'est un vrai problème.»

Selon Mme Harel, ce ne sont pas les maires d'arrondissement qui posent problème. «C'est toute la question du suffrage universel qui devra faire l'objet d'une discussion, a-t-elle dit. Cette question doit être résolue à Québec.»

Par conséquent, elle ne manque pas de décocher une flèche à l'endroit de son adversaire, le maire sortant Gérald Tremblay, qui avait demandé et obtenu une modification à la loi afin que le prochain maire de la métropole devienne de facto le maire de l'arrondissement de Ville-Marie. Et, ainsi, qu'il reprenne les rênes des grands projets métropolitains, comme le Quartier des spectacles. Cette demande avait été formulée par l'administration municipale peu de temps après que le maire du centre-ville, Benoit Labonté - son bras droit-, eut claqué la porte du parti de Gérald Tremblay, à l'automne 2007.

«C'est quand même ironique que le maire de la grande ville, pour avoir de l'influence sur son centre-ville, ait voulu devenir maire de l'arrondissement de Ville-Marie, a-t-elle lancé. Oui, il faut avoir de l'influence sur les grands projets, mais pas à l'envers du bon sens. Il y a d'autres alternatives, par exemple l'idée que tous les grands projets de plus de 20 000 pi2 soient soumis à l'Office de consultation publique de Montréal. Et qu'ainsi, ils soient directement reliés à l'hôtel de ville.»

Afin de parvenir à garder l'oeil sur les grands développements, Louise Harel s'est déjà engagée à revoir de fond en comble le service d'urbanisme de la ville centre, en le dotant d'une équipe solide. Elle veut aussi créer un bureau de coordination des grands projets, qui aurait pour mission de «faciliter la vie des entrepreneurs qui sont excédés par des délais interminables».

«Je m'en tiens à ce que je peux, et ce que je peux faire est un début important, a ajouté la candidate à la mairie de Montréal. Car comment se donner une ville sans un plan d'urbanisme cohérent, avec une vision du développement économique?»

Parlant de grands projets, Mme Harel met surtout l'accent sur le projet de recouvrement de l'autoroute Ville-Marie, entre le Palais des congrès et le pont Jacques-Cartier. L'endroit rêvé pour capitaliser sur deux manifestations majeures, selon elle: le 375e anniversaire de Montréal, en 2017, et l'Exposition universelle de 2020, telle qu'imaginée par Benoit Labonté, destiné à devenir président de son comité exécutif en cas de victoire.

«Le 375e anniversaire peut servir de catalyseur. Quant à l'Expo 2020, nous nous engageons à déposer la candidature de Montréal avant la date limite d'avril 2011. Ce n'est pas tant la durée de l'événement qui compte, mais plutôt le compte à rebours précédant l'événement. Tout le rayonnement. Je pense qu'il y a moyen de faire aboutir des grands projets en mettant au premier plan la créativité et les créateurs. En intégrant le tout à un large plan de transports en commun.»

Mais pour y parvenir, a enfin prévenu Mme Harel, il lui faut une large majorité à l'hôtel de ville le soir des élections municipales. «Au moins les deux tiers des voix», a-t-elle insisté.

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«Les cols bleus n'ont pas le choléra»

«Les cols bleus n'ont pas la peste ni le choléra», a lancé Louise Harel quand on lui a demandé ce qu'elle entend faire pour dénouer l'impasse dans les négociations qui durent depuis deux ans avec le syndicat du local 301.

«Les 100 millions dont parle le maire Gérald Tremblay n'existent pas, a-t-elle dit. C'est une stratégie électoraliste. Mais je n'ai pas l'intention pour autant de céder aux cols bleus ou d'augmenter leur masse salariale. Je leur tiendrai tête, en proposant des gains de productivité.»

La candidate à la mairie de Montréal pense notamment suivre les recommandations du vérificateur général au sujet du contrat des compteurs d'eau en faisant appel aux cols bleus pour les tâches qui sont accomplies en sous-traitance.

«Il y a un rajeunissement chez les cols bleus, a-t-elle noté. Je rêve qu'ils puissent soumissionner pour les contrats. Et ce que je retiens du rapport du vérificateur à ce sujet, c'est qu'il faut ramener des services centraux.»