Stéphane Dion a mené une offensive en faveur de la culture hier, à la Place des Arts, en promettant de rétablir entièrement les 45 millions de dollars que les conservateurs ont retranché des programmes destinés à soutenir les créateurs.

«Au-delà des fonds en cause, a déclaré M. Dion, regardons la manière. Ces compressions ont été divulguées par un courriel un vendredi après-midi, presque en cachette. Quand Stephen Harper a coupé de cette manière dans la culture, il a pensé qu'on ne s'en apercevrait pas, nous, les Québécois. C'est la preuve qu'il ne nous comprend pas.»

 

«Je m'engage à annuler les coupes des conservateurs et à rétablir tous ces programmes», a promis le chef libéral en présence de représentants de la communauté artistique, dont le comédien Albert Millaire, le sénateur Jean Lapointe, le président de l'Union des artistes, Raymond Legault, le directeur de l'Opéra de Montréal, Pierre Dufour, et le critique libéral en matière de culture, Denis Coderre.

Le chef libéral s'est d'ailleurs élevé contre le fait que le premier ministre Harper ait confié à son porte-parole le soin de justifier ces compressions, l'accusant de se prendre pour le président des États-Unis. M. Dion a également critiqué les raisons avancées par ce porte-parole pour sabrer dans la culture, soit que la grande majorité des productions visées «auraient fait sourciller la plupart des Canadiens».

«Nous touchons là le fondement même de l'intolérance idéologique des conservateurs de Stephen Harper», a dit M. Dion, qui a ajouté que le gouvernement Harper mettait en cause la liberté des arts et celle des créateurs.

553 millions en quatre ans

M. Dion a profité de son passage dans les coulisses de la salle Wilfrid-Pelletier pour faire connaître le programme culturel de son parti, qui promet des investissements de 533 millions de dollars en quatre ans.

«Il y a un monde de différences entre le Canada que veulent avoir les conservateurs de Stephen Harper et la vision et les valeurs qui nous animent, nous, les libéraux. L'exemple le plus frappant de cette divergence fondamentale est la culture et les arts.»

M. Dion a donc annoncé qu'il doublera le budget du Conseil des arts pour porter son financement à 360 millions de dollars par année. Les libéraux augmenteront également le crédit d'impôt pour la production cinématographique ou vidéo, qui atteindra 30%.

En outre, il a promis qu'un gouvernement libéral améliorerait les programmes de promotion internationale des arts grâce à un financement supplémentaire de 26 millions en quatre ans, tout en relevant de 16 millions, toujours en quatre ans, le budget du Programme d'aide aux musées.

M. Dion s'est aussi engagé à protéger la liberté de créer au Canada et a promis qu'un nouveau gouvernement libéral mettrait un terme aux tentatives des conservateurs de donner au ministre du Patrimoine le pouvoir de censurer les films produits au Canada.

Sur une note plus personnelle, Stéphane Dion a rappelé en terminant qu'il était un enfant de la Révolution tranquille. «C'est cette révolution dont Fernand Dumont a écrit qu'elle a été d'abord et avant tout une révolution culturelle, a-t-il dit. Je suis le fils de Léon Dion, qui a collaboré de près avec le père Georges-Henri Lévesque. Le père Lévesque est un peu le père du Conseil des arts et de bien d'autres institutions culturelles. J'ai le sentiment aujourd'hui de prolonger l'oeuvre de mon père en me battant pour la liberté et la promotion des arts et de la culture, au Québec comme partout au Canada.»