Une offensive libérale a fait une victime, hier. Un stratège conservateur, Owen Lippert, a démissionné après qu'il eut été révélé que près de la moitié d'un discours prononcé par Stephen Harper en 2003 avait été plagié sur celui du premier ministre australien de l'époque, John Howard.

Le discours en question est celui que M. Harper, alors chef de l'opposition, a prononcé à la Chambre des communes le 20 mars de cette année-là afin de convaincre les députés d'envoyer des troupes canadiennes combattre auprès des américains en Irak. Deux jours plus tôt, le premier ministre Howard s'était lui aussi adressé aux élus de son pays pour leur demander la même chose.

C'est le député libéral Bob Rae qui a donné le coup d'envoi à la charge de son parti lors d'une conférence de presse à Toronto, hier matin. M. Rae avait à ses côtés deux téléviseurs où il a fait jouer les deux discours simultanément. «Nous ne pouvons nous détourner de la menace que la possession continue d'armes de destruction massive par l'Irak pose pour la région et le monde entier», ont entre autres déclaré les deux hommes.

Quelques heures après, à Ottawa, Stéphane Dion est passé à l'attaque à son tour en remettant en question l'intégrité de Stephen Harper et demandant aux électeurs de mettre un terme à son mandat de premier ministre. «M. Harper n'a même pas été capable de choisir ses mots quand il a demandé au Canada d'aller dans la guerre en Irak, a-t-il martelé. Un plagiaire ne peut pas rester premier ministre.»

Les libéraux ont souligné que malgré les pressions de M. Harper et de George W. Bush, c'est le premier ministre Jean Chrétien qui avait pris la décision en 2003 de ne pas envoyer le Canada déloger Saddam Hussein, une décision qui a «défini notre politique étrangère pour une génération», a soutenu Bob Rae.

Les conservateurs ont semblé tergiverser pendant toute la journée, limitant leurs réactions à un appel à «discuter des vrais enjeux», dont la crise économique. Ils ont fait remarquer que deux élections avaient eu lieu depuis et que M. Harper était à l'époque chef de l'Alliance canadienne, un parti qui n'existe plus aujourd'hui.

Ce n'est qu'en fin de journée, dans une déclaration envoyée aux journalistes par le Parti conservateur, qu'Owen Lippert, un ancien collaborateur de Stephen Harper alors qu'il était dans l'opposition et qui travaillait dans le war room conservateur jusqu'à hier, s'est désigné comme étant le coupable et a démissionné de son poste.

«On m'a demandé de rédiger un discours pour le chef de l'opposition de l'époque, a-t-il reconnu. Pressé par le temps, j'ai fait un excès de zèle et j'ai copié des extraits de discours d'un autre leader mondial.»

«Ni mes supérieurs au cabinet du chef de l'opposition, ni le chef de l'opposition savaient que j'avais agi de la sorte», a-t-il précisé.

Owen Lippert a une imposante feuille de route. Titulaire d'un doctorat en histoire européenne moderne de l'Université de Notre-Dame, il a travaillé pour diverses organisations, dont le Fraser Institute. Il a été directeur régional pour le Bangladesh du National Democratic Institute for International Affairs. Il a aussi été attaché de presse de Kim Campbell alors qu'elle était ministre de la Justice.