Stephen Harper met en doute les calculs des libéraux de Stéphane Dion, qui ont fait des promesses de plusieurs milliards de dollars jusqu'ici durant cette campagne alors que la marge de manoeuvre financière du gouvernement fédéral n'est plus aussi imposante que par le passé.

Le chef conservateur se dit convaincu que M. Dion sera incapable de financer la majorité de ses promesses - 70 milliards en 10 ans pour les infrastructures, 1,2 milliard pour les fermiers, 1,25 milliard par année d'ici quatre ans pour les garderies, 900 millions pour les médicaments onéreux, 50 millions pour la sécuritaire alimentaire, 575 millions pour rénover des maisons, entre autres - sans augmenter les impôts ou enregistrer des déficits importants.

 

Depuis le début de la campagne, M. Dion accuse Stephen Harper d'avoir mal géré l'économie canadienne et d'avoir dilapidé les surplus fédéraux après deux ans et demi au pouvoir seulement. Le chef libéral accuse aussi M. Harper d'avoir conduit le gouvernement fédéral au bord du déficit.

Mais le premier ministre affirme que les électeurs doivent faire preuve de la plus grande prudence en ces temps d'incertitude économique. Les fondements économiques demeurent solides, estime-t-il, mais le moment est mal choisi pour sortir le chéquier des grandes dépenses.

Incertitude économique

Le premier ministre soutient que la promesse des libéraux d'imposer une taxe sur le carbone, s'ils sont portés au pouvoir, pourrait donner un dur coup à l'économie canadienne. Le Parti libéral propose cette taxe comme mesure pour lutter contre les changements climatiques. Elle rapporterait 15 milliards de dollars par année d'ici la quatrième année d'imposition. Cette somme serait utilisée pour réduire les impôts des contribuables et des entreprises et pour lutter contre la pauvreté.

«Nous sommes dans une période d'incertitude économique mondiale. Je ne dis pas que les choses sont parfaites au Canada. Nous avons nos défis, pas à cause de notre économie, mais à cause de nos liens et de nos relations de commerce avec les États-Unis et les autres, qui ont des grands problèmes. Mais dans une telle période, on doit avoir un gouvernement avec un plan, un gouvernement sérieux sur l'avenir économique de la population. Les autres partis n'ont pas de plan, surtout le Parti libéral», affirme M. Harper.

Les conservateurs ont fait des promesses qui atteignent 1,5 milliard jusqu'ici depuis le début de la campagne électorale. Stephen Harper voit comme un «beau cadeau» la liste de promesses des libéraux, d'autant plus que la santé de l'économie canadienne semble être l'un des thèmes dominants de la campagne.

Durant l'entrevue, M. Harper a par ailleurs critiqué le bilan du Bloc québécois à Ottawa. «Le Bloc, c'est toujours la même chose. Le Bloc peut dire qu'il favorise certaines choses, qu'il s'oppose à certaines choses. Mais le Bloc ne pourra jamais réaliser des choses qu'il favorise et le Bloc ne pourra jamais empêcher des choses auxquelles il s'oppose. (...) Le Bloc est impuissant parce que l'impuissance est sa raison d'être», affirme-t-il.

Il ajoute que le Bloc québécois éprouve de la difficulté à convaincre les Québécois qu'il a toujours une raison d'être à Ottawa alors que la souveraineté a été mise en veilleuse par son allié souverainiste à Québec, le Parti québécois, relégué au troisième rang à l'Assemblée nationale.