Les écologistes veulent faire obstacle au projet de transport de pétrole bitumineux d'Alberta jusqu'au Québec. Et pour ce faire, ils demandent l'aide de la population et des chefs des différents partis politiques fédéraux.

Une coalition formée des groupes Équiterre, ForestEthics et Environmental Defence a lancé hier une pétition en ligne (petrolesale.org) «afin que les Québécois puissent exiger le rejet pur et simple de ce projet», a-t-elle laissé savoir.

 

Les citoyens sont invités à signer une lettre d'opposition au projet, laquelle est aussitôt acheminée aux cinq chefs des principaux partis politiques qui participent à la campagne électorale en cours.

Enbridge compte déposer devant l'Office national de l'énergie, en novembre prochain, un projet visant à renverser le flot d'un pipeline pétrolier qui relie Sarnia, en Ontario, et Montréal. Cela permettrait de transporter chaque jour, dès 2010, l'équivalent de 80 000 barils de pétrole bitumineux jusqu'aux raffineries de l'est de Montréal.

«Comme Québécois, nous avons le choix: exiger le rejet du projet par le gouvernement, ou contribuer à la croissance des sables bitumineux, la source d'émissions de gaz à effet de serre qui connaît la croissance la plus rapide au Canada», a indiqué Steven Guilbeault, d'Équiterre.

Pétrole bitumineux

Si le projet voit le jour, les Québécois auraient accès pour la toute première fois au pétrole bitumineux de l'Alberta, car la province importe l'essentiel de son pétrole d'Algérie et de Norvège, un pétrole dont la production est trois fois moins polluante que celui extrait des sables bitumineux d'Alberta.

On demande ainsi aux gouvernements, tant à Québec qu'à Ottawa, de refuser que ce projet voie le jour en raison de la grande quantité de gaz à effet de serre imputable à la production de ce pétrole non conventionnel.

«Le gouvernement fédéral a élaboré sa politique sur le climat pour favoriser la croissance des sables bitumineux, et maintenant, il demande au Québec de contribuer au développement de ce pétrole», a déploré Gillian McEachern, de l'organisme ForestEthics.

Cette levée de boucliers survient au moment précis où Enbridge tente de convaincre les communautés voisines de son pipeline de la pertinence du projet. L'entreprise a tenu hier soir sa seule réunion «portes ouvertes» en sol québécois, à Lachenaie.

En plus de leur cyberpétition, les organisations écolos diffuseront de la publicité à partir de la semaine prochaine pour informer les Québécois des visées d'Enbridge. Cela s'ajoute aux pressions déjà exercées par le Parti québécois et par l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), qui demandent au gouvernement Charest de faire les représentations qui s'imposent, à Ottawa, pour bloquer le projet.

Précisons que l'inversion du pipeline fait partie d'un projet plus large, appelé Trailbreaker, qui consiste à transporter 240 000 barils de pétrole de Fort McMurray jusque dans le Maine et le Texas. Le tiers du pétrole devrait s'arrêter à Montréal.