Quand aucun journaliste ne l'interroge sur un sujet qui lui tient à coeur, le chef conservateur Stephen Harper décide de prendre le taureau par les cornes et de se poser lui-même une question.

«Il y a une question qui n'a pas été posée: c'est au sujet de l'économie mondiale», a déclaré M. Harper, dimanche, alors qu'il était de passage à Rockland, dans l'est de l'Ontario.

Venu promettre un allégement fiscal pour les personnes adhérant à des clubs sociaux philanthropiques, il a profité de la tribune qu'il s'est lui-même donnée pour tracer un portait inquiétant de la situation mondiale, rappelant tour à tour la crise financière en Chine, la dégringolade des prix du pétrole et l'instabilité en Europe. S'il a reconnu que la situation pouvait devenir «risquée», il a louangé les politiques de son gouvernement qui ont donné au Canada ce qu'il qualifie de «pratiques gestionnaires saines» et favorables à la croissance. Il n'a rien dit sur une quelconque récession.

Quelques instants plus tôt, il avait dû répondre à une question portant sur un rapport du ministère fédéral des Finances affirmant que les régimes de retraite au Canada étaient les moins généreux des pays de l'OCDE. M. Harper a souligné que le Régime de pensions du Canada fonctionnait bien, qu'il était solvable pour les prochaines 75 années. Il a ensuite énuméré les mesures - comme le CÉLI ou le fractionnement du revenu familial - que son gouvernement a prises pour favoriser l'épargne supplémentaire.

«Dire que ces mesures n'aident que les riches, c'est foncièrement inexact», a-t-il souligné.

L'affaire Duffy a continué de hanter la campagne conservatrice. M. Harper s'est porté à défense de son actuel chef de cabinet, Ray Novak, en affirmant qu'il avait été très franc avec lui. Selon le chef conservateur, les seuls responsables de ce scandale sont le sénateur Mike Duffy lui-même, qui a réclamé des remboursements auxquels il n'avait pas droit, et son propre ancien chef de cabinet Nigel Wright, qui a remis un chèque au sénateur sans en avertir le premier ministre.

Lagacé-Dowson contre Trudeau

De son côté, le chef libéral Justin Trudeau devra compter sur une adversaire de taille dans sa circonscription montréalaise de Papineau.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a annoncé dimanche la candidature de la commentatrice politique Anne Lagacé Dowson.

Mme Lagacé Dowson croit en effet que les électeurs sont mûrs pour un changement de garde à Ottawa. «Le contexte est différent cette fois-ci. Les gens ont vraiment envie de sortir Stephen Harper», a-t-elle avancé en entrevue avec La Presse Canadienne.

«C'est clair que Thomas Mulcair a le plus de chance de le remplacer et de remettre les choses en ordre au pays.»

Mme Lagacé Dowson a travaillé comme reporter et chroniqueuse pendant une vingtaine d'années pour CBC et Radio-Canada, avant de porter les couleurs du NPD dans la circonscription de Westmount-Ville-Marie en 2008. Elle avait été battue par le libéral Marc Garneau par près de 10 000 voix.

L'Ontario gronde Mulcair

Le gouvernement ontarien continue par ailleurs d'intervenir dans la campagne fédérale.

Dimanche, c'était au tour de la ministre de l'Éducation, Liz Sandals, qui a prévenu le chef néo-démocrate Thomas Mucair de ne pas tenir pour acquis l'appui de la province à son programme national de garderies à 15 $.

Selon elle, M. Mulcair n'a pas fourni assez de détails sur son programme de garderies pour que l'Ontario se dise prête à l'accepter. Le plan néo-démocrate refilerait jusqu'à 40 pour cent de la facture aux provinces.

«Bien que le NPD fédéral aime souligner que l'Ontario appuie son plan, ils n'ont pas encore donné aux Canadiens de détails, dont celui de l'impact de cette mesure sur les familles ontariennes», a-t-elle écrit dans un courriel envoyé à La Presse Canadienne.

«Dans sa forme actuelle, la proposition avancée par le NPD laisse plusieurs questions sans réponse», a-t-elle poursuivi.

M. Mulcair avait déclaré samedi que «la première ministre (Kathleen) Wynne a dit qu'elle appréciait notre plan».

M. Mulcair et M. Trudeau n'avaient pas d'activités publiques au programme, dimanche. Quant au chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, il continuait sa tournée québécoise dans l'est du Québec. Il a notamment rencontré des électeurs à Trois-Pistoles.