Réclamant haut et fort un gouvernement majoritaire, Stephen Harper refuse de dire s'il quittera la tête du Parti conservateur advenant qu'il perde son pari.



À moins de deux semaines du scrutin du 2 mai, M. Harper a promis, mardi, d'accepter le verdict de la population, même si cela pourrait vouloir dire gouverner de nouveau avec une minorité de sièges à la Chambre des communes.

De Yellowknife, dimanche, à Val-d'Or, mardi, en passant par Thunder Bay, lundi, le chef conservateur a poursuivi sa tournée des circonscriptions qu'il pense pouvoir ravir à ses adversaires pour obtenir son gouvernement majoritaire.

Or, les nombreux sondages montrent qu'après trois semaines de campagne, M. Harper ne semble toujours pas en mesure d'atteindre son objectif.

«Je vais respecter la décision de la population. Mais je pense que c'est trop tôt pour prédire. Je suis encouragé par notre campagne, a rétorqué le chef conservateur. Je pense que la population comprend de plus en plus que la seule option pour la stabilité politique et économique et la continuation de l'émergence du Canada de la récession dans une position forte est un gouvernement stable, majoritaire, conservateur.»

Mais interrogé pour savoir s'il quitterait son poste advenant qu'il ne réussisse pas à obtenir la majorité qu'il réclame, Stephen Harper est resté prudent. «Je ne mordrai pas à cet hameçon», a-t-il lancé, avec un demi-sourire.

«C'est déjà un honneur quand on reçoit un mandat de la population et si je reçois un autre mandat minoritaire, je serais honoré de le poursuivre», a ajouté le chef conservateur, de passage à Thunder Bay, en Ontario.

En 2004, M. Harper avait mentionné en campagne électorale qu'il souhaitait obtenir une majorité de sièges, et la stratégie a semblé avoir joué contre lui.

Pour les élections subséquentes, de 2006 et 2008, le chef conservateur avait évité toute référence à l'obtention d'un gouvernement majoritaire. Mais cette fois-ci, M. Harper a lui-même placé la barre haut, réclamant dès le premier jour de la campagne cette majorité qui lui donnerait les coudées franches, notamment pour implanter son imposante réforme de la justice criminelle.

Harper au Québec

Après avoir fait campagne dans des circonscriptions détenues actuellement par le NPD, dans le Nord et à Thunder Bay, le chef conservateur s'est rendu à Val-d'Or pour tenter de rallier les Abitibiens à ses arguments pour une majorité.

Le candidat conservateur dans Abitibi-Baie-James-Nunavik-Eeyou, contre le bloquiste Yvon Lévesque, est le maire de Senneterre, Jean-Maurice Matte, qui était arrivé deuxième en 2008. Mais la donne a été changée cette fois-ci, avec l'arrivée d'un candidat-vedette du NPD, Roméo Saganash, un porte-parole bien en vue de la nation crie.

Les conservateurs espèrent se faufiler entre les deux, misant notamment sur le fait que le chef du Bloc, Gilles Duceppe, a dû rabrouer son candidat, M. Lévesque, qui avait affirmé en début de campagne que les électeurs de sa circonscription ne voteraient pas pour un candidat autochtone.

Stephen Harper visitera aujourd'hui, pour la deuxième fois de la campagne, la circonscription de Bernard Généreux, Montmagny-L'Islet-Kamouraska-Rivière-du-Loup, ancien bastion bloquiste que les conservateurs avaient ravi lors d'une élection partielle en 2009.