Le Parti vert conteste devant la Cour fédérale d'appel la décision du consortium des médias d'exclure la leader Elizabeth May des débats des chefs qui auront lieu les 12 et 14 avril.

Représenté par l'avocat torontois Peter Rosenthal, le Parti vert demande essentiellement au tribunal d'annuler les règles du CRTC selon lesquelles les diffuseurs ne sont pas obligés d'inclure les chefs de tous les partis dans les débats.

Mme May, qui avait participé aux débats aux élections de 2008, a reçu hier un appui de taille dans sa croisade visant à faire changer la décision du consortium. L'ancien premier ministre conservateur Joe Clark estime en effet qu'elle a sa place aux joutes oratoires.

«Dans une situation où la population canadienne et les principaux partis politiques canadiens considèrent que le Parti vert est suffisamment important pour participer aux débats, cette exclusion unilatérale est injustifiée et antidémocratique», a affirmé hier M. Clark dans un communiqué de presse.

«Pendant une campagne électorale fédérale, les débats télévisés nationaux visent essentiellement à aider l'électorat à faire un choix informé parmi les principaux partis politiques qui offrent des solutions politiques différentes. De toute évidence, les verts proposent des politiques différentes - et on ne peut pas douter de l'importance d'un parti pour qui l'appui substantiel de la population du pays ressort constamment aux urnes et dans les sondages d'opinion», a-t-il ajouté.

Les 12 et 14 avril

Les débats en anglais et en français, entre les quatre chefs des formations politiques représentées à la Chambre des communes, doivent se tenir les 12 et 14 avril, à Ottawa.

Le consortium des médias - TVA, Radio-Canada, CBC, CTV et Global - a décidé de ne pas inviter Mme May parce que son parti ne compte aucun député à la Chambre des communes. En 2008, son parti avait un député, Blair Wilson, qui s'était joint aux verts après avoir siégé comme indépendant.

Les chefs des quatre autres partis - Stephen Harper, Michael Ignatieff, Gilles Duceppe et Jack Layton - se sont dits favorables à ce que Mme May soit invitée.

M. Harper est même allé plus loin en mettant au défi M. Ignatieff de l'affronter dans un duel télévisé - ce que le chef libéral a immédiatement accepté. Or, le chef conservateur a indiqué que cette offre ne tient plus. Michael Ignatieff est toutefois revenu à la charge en proposant un face-à-face, après les débats habituels, sans nécessairement avoir besoin du consortium des télédiffuseurs.

De passage à Winnipeg, hier, M. Ignatieff a réitéré qu'il était disponible «n'importe où, n'importe quand», estimant que la «volte-face» du chef conservateur indique qu'on «ne peut pas lui faire confiance».

Mais à Halifax, M. Harper a accusé M. Ignatieff d'avoir tenu un double discours sur cette question. «C'est le format qui a été proposé. Nous l'avons accepté. Nous ne sommes pas intéressés à des débats multiples. Nous sommes intéressés à un seul débat. Nous allons passer le reste de notre temps à faire campagne à travers le pays», a-t-il ajouté.

Un proche collaborateur de M. Harper a indiqué aux journalistes mercredi soir que la position des libéraux n'était pas la même que celle qu'ils avaient adoptée derrière des portes closes, lors des négociations dans les coulisses entre les réseaux de télévision et les partis fédéraux.