Les libéraux auront résisté, avec quelques difficultés toutefois, aux assauts de leurs adversaires dans les provinces atlantiques, mais non sans avoir dû céder quelques sièges, notamment au Nouveau-Brunswick.

À Terre-Neuve et Labrador, les conservateurs fédéraux ont carrément été rayés de la carte. Ils n'ont pu résister à la tempête déclenchée par le premier ministre de Terre-Neuve et Labrador, Danny Williams. À la lumière des premiers résultats, encore fragmentaires, tout indique que la campagne «n'importe qui sauf les conservateurs» menée par le premier ministre Williams a atteint son objectif.

Cette croisade de M. Williams découle d'un différend sur les revenus des ressources non renouvelables et de la péréquation. Le premier ministre terre-neuvien n'a pas raté une occasion de répéter son message tout au long des cinq semaines d'affrontement.

À un tel point que dans cette province, le chef conservateur Stephen Harper avait d'abord et avant tout comme adversaire M. Williams.

Les conservateurs, qui détenaient trois des sept sièges de la province au déclenchement de l'élection, ont dû en faire leur deuil, en cédant deux aux libéraux et un au Nouveau Parti démocratique (NPD). En fait, dans les pourcentages de voix exprimées, les conservateurs terminent au troisième rang dans cette province.

Ailleurs en Atlantique, les résultats laissaient entrevoir peu de changements. Il faut dire que c'est dans l'Est que les libéraux avaient les meilleures chances de maintenir leur domination, malgré les efforts déployés par les conservateurs et les néo-démocrates.

La chef du Parti vert, Elizabeth May, n'aura pas réussi à se faire élire dans Nova Centre en Nouvelle-Ecosse, où elle affrontait le ministre de la Défense, Peter MacKay.

Au Nouveau-Brunswick, par contre, le Parti conservateur a soutiré le comté de Fredericton détenu par les libéraux depuis plusieurs années, ainsi que celui de Miramichi.

Dans les quatre provinces de l'Atlantique, à 20h45, les libéraux comptaient 17 candidats élus ou en avance, les conservateurs 10, le NPD 4 et un indépendant a été élu, soit l'ex-conservateur Bill Casey.

Après 37 jours d'une campagne dure où les chefs se sont traités de tous les noms, les Canadiens étaient appelés à se choisir un nouveau gouvernement fédéral. Il s'agissait de la troisième élection générale en quatre ans, la 40e de l'histoire du pays.

Peu importe le résultat, on peut avancer sans se tromper que le scrutin aura des effets majeurs sur l'avenir politique de plusieurs chefs. Et rien ne garantit que la prochaine élection aura lieu seulement dans quatre ans puisque bien des experts prédisent encore une fois l'élection d'un gouvernement minoritaire.

Pourtant, lorsque le premier ministre Harper s'est présenté devant la gouverneure générale pour demander la dissolution du Parlement, le 7 septembre dernier, l'horizon semblait prometteur pour les conservateurs. Forts de leur bilan au pouvoir, les conservateurs comptaient profiter de l'incertitude économique pour présenter leur chef comme le meilleur leader pour guider le pays en ces temps difficiles.

L'état de l'économie s'est rapidement transformé en boulet pour les conservateurs qui n'avaient pas vu venir la suite des choses.

La débâcle économique qui a accablé fortement les banques américaines, puis les marchés boursiers mondiaux, a semé dans la foulée des craintes de récession. Les déclarations répétées de M. Harper sur la solidité des assises financières canadiennes n'ont pas eu l'effet escompté.

Et lorsqu'il a déclaré que l'écrasement des marchés était l'occasion de réaliser de «bonnes affaires», ses adversaires en ont profité pour renforcer l'image d'un chef insensible aux déboires financiers et qui ne se soucie que très peu des petits épargnants et des retraités.

C'est à ce moment que le vent a commencé à tourner pour le chef libéral Stéphane Dion, qui s'est attaqué systématiquement à la capacité du chef conservateur de protéger les avoirs des Canadiens. Le chef néo-démocrate, Jack Layton, a lui aussi continué de taper sur ce clou, qu'il enfonçait depuis le début de la campagne.

Au Québec, là où les conservateurs se devaient de faire des gains pour arriver à former un gouvernement majoritaire, les Bleus ont couru à leur perte en abordant des sujets peu populaires.

La déconfiture des conservateurs a commencé à s'annoncer dès la troisième semaine de campagne. Il y a eu d'abord la publicité présentée par le ministre non élu Michael Fortier, selon qui le Bloc québécois avait coûté 350 millions $ aux contribuables québécois, sans rien apporter en retour. Quelques jours plus tard, le Parti conservateur dévoilait sa promesse d'imposer des peines très sévères pour les adolescents coupables de crimes graves.

Ces éléments, combinés à la campagne anti-conservateur lancée par les artistes mécontents des coupes en culture, ont eu pour effet de miner les chances des conservateurs au Québec, et de propulser le Bloc vers une popularité retrouvée.

Dans la province voisine de l'Ontario, où plusieurs luttes à trois se déroulent, les experts ne s'entendaient pas sur les résultats à venir. Avec 106 sièges sur un total de 308 aux Communes, le parti qui arrivera à s'imposer en Ontario partira avec une bonne longueur d'avance.

La Colombie-Britannique réservera elle aussi fort probablement beaucoup de surprises.