Plus de la moitié des étudiants inscrits au baccalauréat en science politique à l’Université de Montréal viennent d’autres pays.

En une vingtaine d’années, leur proportion est passée de 30 % à plus de 50 %. « Vous pouvez venir dans mon amphithéâtre, nous a lancé Frédéric Mérand, professeur et directeur du département. Je donne demain mon cours à 540 étudiants, et il y a environ 60 % d’entre eux qui sont internationaux. »

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Frédéric Mérand, professeur et directeur du département de science politique de l’Université de Montréal, donne son cours.

Selon M. Mérand, ces étudiants « enrichissent énormément l’expérience universitaire ». « S’il n’y avait pas d’étudiants internationaux, ça serait triste, affirme-t-il. Parce que ce qui est vraiment extraordinaire, c’est qu’ils viennent de partout. Toutes les nationalités sont représentées. Même les Français sont souvent des Français qui ont des parcours très originaux, qui ont vécu un peu partout dans le monde. »

La majorité de ces étudiants souhaitent poursuivre leur vie ici après leurs études, ajoute le professeur, « parce que les perspectives professionnelles sont plus intéressantes ».

« Pas un condo de luxe »

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Komicyrille Adedje est un étudiant togolais de 28 ans.

C’est le cas de Komicyrille Adedje, 28 ans, du Togo.

« Lors du processus d’immigration, j’ai pris l’engagement de partir juste après le baccalauréat, confie-t-il. Mais si le gouvernement me donne la chance de rester, je reste. »

L’étudiant a trouvé un petit appartement, près du métro Langelier, qui lui coûte 500 $ par mois.

« C’était l’appartement le plus abordable que j’ai trouvé, et c’était le plus proche, parce que je n’ai pas trouvé dans les environs, explique-t-il. Ce n’est pas un condo de luxe, c’est juste le minimum, histoire de s’adapter et de voir avec le temps. »

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Mael Tolme vient de Tahiti. « Ici, dit-il, c’est la plus belle expérience de ma vie ! »

Mael Tolme, 25 ans, veut aussi faire sa vie ici.

L’étudiant de Tahiti habitait à Paris quand il a décidé de venir au Québec pour suivre sa copine.

« Je veux vivre ici après mes études, assure-t-il. Vraiment, ici, c’est la plus belle expérience de ma vie ! Pourtant, j’avais fait d’autres pays, précédemment, comme l’Australie et la France. J’ai pu découvrir ici un mode de vie totalement différent. Et découvrir l’hiver, parce que je n’avais jamais vu la neige avant. Ça a totalement changé ma vie. »

Même fuseau horaire

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Lyam Chevauchet a choisi d’étudier à Montréal parce qu’il n’avait pas d’assez bonnes notes pour aller à Paris.

Lyam Chevauchet, 18 ans, est martiniquais. « La Martinique, ça change d’ici, dit-il. Mais tant qu’il ne fait pas trop froid, ça va. »

Si l’étudiant poursuit ses études universitaires au Québec, c’est parce qu’en France, où il songeait d’abord à aller, « il faut beaucoup de bonnes notes », explique Lyam. « Ça veut dire qu’il faut travailler dès le début du lycée à fond, et soigner son dossier. Au Canada, on demande moins de notes. En plus, c’est dans le même fuseau horaire que la Martinique et il y a beaucoup plus d’opportunités. On est à quatre heures de vol, ici. C’est huit heures pour aller à Paris, de là-bas. »

L’étudiant compte faire une maîtrise après son baccalauréat et rêve de travailler pour une équipe de football.

Serveuse à La Banquise

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Inès Barbier vient de France. « J’ai trouvé l’endroit où ça me plaît d’étudier, où ça me plaît de travailler », dit-elle.

Du Mans, près de Paris, Inès Barbier, 20 ans, est en deuxième année au baccalauréat en communication et politique. Pourquoi le Québec ? « C’était pour partir de mon pays, en premier, répond-elle. Juste découvrir de nouveaux horizons. Et l’Université de Montréal a vraiment une belle réputation. En plus, je voyais que le diplôme était international, qu’il me permettait d’aller travailler ailleurs, pas juste en France. Pour moi, ça, c’était une opportunité. »

Si, dans un premier temps, Inès pensait retourner en France après son bac, elle veut maintenant faire une maîtrise et vivre ici.

« Je travaille aussi à côté, précise l’étudiante. Je suis serveuse à La Banquise. Donc, on va dire, de façon générale, que j’ai trouvé l’endroit où ça me plaît d’étudier, où ça me plaît de travailler. Et la vie est beaucoup plus accessible ici, je trouve, qu’elle l’est à Paris où je devais aller étudier. Ça m’aurait coûté plus cher. Et même en matière de contact, ici, à l’université, c’est facile. C’est facile d’accès pour tout, en fait. »

Inès partage un appartement avec trois colocataires, à deux pas du métro Jean-Talon. Ça lui coûte 400 $ par mois. À Paris, elle aurait payé beaucoup plus cher pour se loger, mais ses frais de scolarité auraient été moins élevés.

« Pour un étudiant français, étudier ici, ce n’est pas donné, signale Inès. Surtout quand on compare les prix, c’est cher. Si j’avais étudié à Paris, juste en matière de frais de scolarité, c’est un fossé énorme entre les deux. Ici, je paie à peu près 10 000 $ par année. À Paris, ça m’aurait coûté moins de 1000 $. Mais l’appart m’aurait coûté un bras ! »

Un maximum de connaissances

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Rachida Abdourahim, de Djibouti, entreprend un bac en études internationales à l’Université de Montréal.

Rachida Abdourahim, elle, vient de Djibouti. Ses parents « prennent l’intégralité des charges ici », précise-t-elle. Rachida a étudié pendant un an en sciences économiques à l’Université de Rennes 1, en France, avant d’opter pour un bac en études internationales à l’Université de Montréal.

« Le système français est très, très différent du système québécois », constate l’étudiante de 18 ans. « Ici, on mise beaucoup plus sur la santé mentale, l’importance de la compréhension du cours, et il y a beaucoup moins de pression que dans le système français. »

Pour l’instant, Rachida ne pense pas rester au Québec après son bac. Elle compte faire une maîtrise à Singapour. « Le but, explique-t-elle, c’est vraiment d’amasser un maximum de connaissances ici et de retourner au pays afin de le développer davantage. »

« Pas comme à Paris »

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Maya Budd a grandi au Brésil et en France. « Le Canada est un pays où je n’étais jamais allée de ma vie », dit-elle.

Maya Budd, 19 ans, pense aussi aller faire une maîtrise dans un autre pays après son bac.

Née au Brésil d’une mère brésilienne et d’un père anglais, elle a vécu à Paris de l’âge de 11 ans à 18 ans. Puis, elle est partie vivre un an à Londres où elle a travaillé pour pouvoir payer ses études.

« J’aime bien la ville, dit-elle en parlant de Montréal. Les gens sont assez ouverts d’esprit, pas comme à Paris. L’école a l’air très, très bien. Je pense que je vais bien m’adapter. »