De nouvelles consignes envoyées au réseau scolaire par le ministère de l’Éducation quant à la manière de gérer l’éclipse solaire du 8 avril poussent des écoles à revoir leur décision de rester ouvertes toute la journée.

Tout juste avant la semaine de relâche, Québec a fait parvenir aux écoles ses « orientations » pour l’après-midi du 8 avril, moment où la Lune passera devant la Terre pour cacher complètement le Soleil pendant quelques minutes.

S’il est recommandé de maintenir les écoles ouvertes en priorité, comme l’a répété le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, dans les dernières semaines, on précise aussi qu’il faut mettre en place « les conditions pour assurer la sécurité des élèves et du personnel ».

Parmi ces mesures, on demande d’« éviter la tenue d’activités extérieures pendant la période lors de laquelle se déroulera l’évènement, soit de 14 h 11 à 16 h 45 », et de « veiller à ce que l’aménagement des locaux permette d’assurer la sécurité des élèves au cours de cette période ».

Citant l’obligation de garder les élèves jusqu’à 16 h 45, plusieurs écoles privées ont écrit cette semaine aux parents pour leur signifier que leur école fermerait plus tôt le 8 avril, ou encore que cette journée serait une journée pédagogique.

Des activités d’observation sont offertes aux seuls élèves qui voudraient rester à l’école, les autres pourront rentrer chez eux.

« Comme nous ne voulons pas obliger tous les élèves à rester jusqu’à 16 h 45, nous avons réajusté nos plans », écrit par exemple le Pensionnat du Saint-Nom-de-Marie, une école privée de Montréal, qui cite les « contraintes ministérielles ».

Le Collège Mont-Saint-Louis, qui avait décidé de garder son école ouverte, a changé ses plans en raison « des consignes ministérielles plus explicites ».

« Les enjeux liés au fait de modifier l’horaire, d’obliger tous les élèves et le personnel de l’école à rester sur place jusqu’à 16 h 45 et d’assurer la surveillance des lieux dans ces circonstances particulières sont importants », écrit-on aux parents.

Activités à l’extérieur, à la discrétion des enseignants

Plusieurs centres de services scolaires ont pris la décision de faire du 8 avril une journée pédagogique, afin d’éviter que les élèves soient sur le chemin du retour à la maison quand l’éclipse sera à son apogée.

Le centre de services scolaire Marie-Victorin (CSSMV), en Montérégie, a annoncé que ses écoles seront ouvertes. Or, dénonce une enseignante, beaucoup de ses collègues ne se donneront pas « la peine » de sortir avec leurs élèves.

Dans ce contexte, maintenir les écoles ouvertes n’est que de « beaux discours », poursuit cette enseignante, qui a demandé l’anonymat par crainte de représailles.

La peur de se faire poursuivre si un élève enlève ses lunettes prend le dessus sur la rareté du phénomène et la chance de l’observer. Je suis déçue, fâchée, outrée. Avoir su, ça aurait été mieux de fermer les écoles.

Une enseignante du centre de services scolaire Marie-Victorin, qui a demandé l’anonymat

Dans ses consignes envoyées aux écoles, le CSSMV précise que pour les classes qui sont situées du côté du soleil, « les rideaux et stores devront être fermés dans les locaux de classes ». Quant aux bureaux, ils « pourront être tournés de façon à ce que les élèves soient dos au soleil », lit-on.

Quant aux élèves du secondaire, ils pourront quitter l’école à partir de midi et recevront un billet de transports en commun pour rentrer à la maison, puisque le transport scolaire est annulé.

Au centre de services scolaire Beauce-Etchemins (CSSBE), qui a pris la décision de garder ses écoles ouvertes, on précise que c’est à chaque école de « faire le choix sur la façon de vivre l’éclipse ».

Plusieurs ont choisi de faire des activités à l’extérieur, mais « si un membre du personnel enseignant souhaite rester à l’intérieur avec sa classe, cette décision est à sa discrétion ».

« Dans le cas où des élèves de sa classe souhaitent vivre l’expérience à l’extérieur, l’école pourra les intégrer à d’autres groupes, tout en respectant les ratios. Chaque école communiquera avec les parents pour leur dire ce qu’il est prévu dans leur classe », écrit Joannie Demers, agente de développement aux communications du CSSBE.

Et les garderies ?

Du côté des services de garde, le ministère de la Famille a indiqué qu’ils « demeureront ouverts le jour de l’éclipse, le 8 avril 2024, une directive à cet effet a été transmise au réseau ».

« La direction de la Santé publique demeure la seule source pour obtenir les consignes de sécurité qui s’appliquent à chaque région », mentionne aussi le ministère de la Famille dans son document, ajoutant que les services de garde « ont la responsabilité d’assurer une supervision adéquate des enfants sous leur responsabilité pour garantir leur sécurité ».

Tous ouverts, alors ? Pas nécessairement, indique Geneviève Blanchard, directrice générale adjointe de l’Association québécoise des centres de la petite enfance, nous dirigeant vers la règle sur les « jours prévus d’avance ».

« Pour un maximum de cinq jours par exercice financier », le service de garde peut être fermé, mais à certaines conditions.

« Le parent doit être avisé au moins 15 jours à l’avance si cette journée ne fait pas partie des jours de fermeture prévus à l’entente de subvention ou à l’entente de services avec le parent », dit le règlement.

Le prestataire de services de garde éducatifs doit aussi rémunérer tout son personnel.

Avec la collaboration de Louise Leduc, La Presse