(Québec) Les directions d’écoles montréalaises pressent Québec de repousser la date de transmissions des résultats de la deuxième étape pour les élèves de dernière année du secondaire au 13 mars, afin que les élèves qui ont manqué près de cinq semaines d’école pendant la grève aient suffisamment de temps avant d’être évalués et de faire leurs demandes d’admission au cégep.

Dans une lettre obtenue par La Presse qui a été transmise mardi à la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, ainsi qu’au ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES) demande une « action immédiate pour rétablir l’équité pour les élèves des écoles publiques de la grande région de Montréal ». Si rien n’est fait, dit-elle, les élèves qui ont manqué beaucoup d’école pendant le conflit de travail en éducation risquent de devenir des « finissants de deuxième classe ».

Pour être admis dans un cégep, les élèves du secondaire doivent postuler dans les programmes de leur choix par l’entremise des services régionaux d’admission au collégial, comme le SRAM et le SRACQ. Ces organismes procèdent ensuite à l’analyse des dossiers selon un système de tours. La date limite du premier tour est fixée chaque année au 1er mars. Après chaque tour, les programmes contingentés et les cégeps les plus convoités ont de moins en moins de places disponibles.

Dans sa lettre envoyée à Québec, l’AMDES déplore que le SRAM (qui gère les demandes d’admission des cégeps de la région métropolitaine) exige que les notes de la deuxième étape soient transmises au plus tard le 21 février, même si les élèves des écoles publiques dont les profs sont affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont manqué près de cinq semaines de classe l’automne dernier.

« Les directions des écoles secondaires montréalaises sont unanimes, cette date ne permettra pas aux enseignants des établissements ayant fait face à une fermeture de presque cinq semaines d’enseigner les contenus de la deuxième étape et de les évaluer pour le 21 février. Ainsi, il nous apparaît clairement que le maintien de cette date causera un important préjudice aux élèves des écoles secondaires publiques du Grand Montréal », écrit l’AMDES.

Les élèves des écoles privées favorisés

Selon l’AMDES, les élèves de dernière année du secondaire qui fréquentent une école privée sont favorisés dans le contexte, étant donné qu’ils n’ont pas manqué d’école pendant le conflit de travail entre le gouvernement et les enseignants et professionnels du réseau public.

« On aurait dit aux directions des écoles secondaires que leurs élèves pourraient bénéficier de places au deuxième tour du SRAM alors que nous savons que c’est faux pour plusieurs programmes puisque toutes les places se comblent au premier tour pour certains cégeps et pour plusieurs programmes en arts offerts dans la métropole », affirment les directions scolaires montréalaises.

« Il importe d’agir rapidement afin que le réseau collégial procède aux correctifs nécessaires afin de garantir l’équité entre tous les finissants, ceux des écoles privées, ceux des écoles en région et ceux des écoles de la région métropolitaine en repoussant la date de transmission des notes au 13 mars 2024 », demandent-elles.

Les services d’admission se veulent rassurants

Face aux demandes de l’AMDES, le cabinet de la ministre Pascale Déry a assuré mardi « qu’aucun élève ne sera pénalisé en raison de la grève dans le processus d’admission au premier tour ». De son côté, la direction du SRAM a déclaré à La Presse qu’il est « toujours possible pour les écoles de nous faire parvenir un sommaire des deux étapes ou les résultats d’une seule étape ».

« Évaluer une deuxième étape aussi rapidement avant le 1er mars, pour les écoles qui ont été en interruption d’enseignement pendant un mois, ça nous apparaît très clair que c’est pratiquement impossible ou à tout le moins très difficile de faire un travail représentatif du cheminement des étudiants. Donc, de recevoir les notes de la première étape seulement, ça ne pose pas de problème », a affirmé la directrice des communications, Geneviève Lapointe.

Le SRAM a également mené par le passé une étude dont les conclusions lui permettent d’affirmer qu’un élève dont l’école a fourni les résultats d’une seule étape, plutôt que de deux étapes, n’est pas pénalisé dans le processus d’admission.

« On a déjà fait par le passé des analyses poussées pour voir s’il y avait vraiment une différence marquée entre l’admission avec une seule étape ou un sommaire de deux étapes et ces analyses-là ont démontré clairement que l’exercice est tout aussi juste et équitable [dans les deux cas] », a dit Mme Lapointe. Même son de cloche du côté du SRACQ, où le directeur général Marc Viens assure que la présente situation ne va pas désavantager les étudiants.

En plus des résultats obtenus en cinquième secondaire, les services d’admission régionaux calculent dans la cote qu’ils attribuent aux élèves, au moment de classer les demandes d’admission, les résultats aux examens du ministère et de l’année scolaire de la quatrième secondaire.