L’école en français continue à progresser au Québec. Et c’est en bonne partie grâce à la région de Montréal, où anglophones et allophones sont de plus en plus nombreux à fréquenter le réseau scolaire francophone.

Un portrait qui évolue

L’Office québécois de la langue française (OQLF) a publié mardi un nouveau rapport pour mettre en lumière la manière dont la forte immigration des 20 dernières années a profondément changé le portrait des écoles de la province. Alors qu’ils représentaient 83 % des élèves au tournant des années 2000, les jeunes de langue maternelle française représentent désormais un peu moins de 76 %. Si la part des anglophones est demeurée stable à un peu plus de 8 %, celle des allophones a pratiquement doublé, passant de 9 % à 16 %.

Le français en bénéficie

Malgré cet apparent recul pour le français, tout indique que les écoles francophones en ont profité pour faire le plein. En effet, pas moins de 91 % des élèves fréquentent l’école en français. C’est deux points de plus qu’il y a 20 ans. Cette hausse est principalement due aux élèves de langue maternelle anglaise ou autre. Sur une période d’environ 20 ans, entre 2000 et 2021, « la proportion des élèves de langue maternelle anglaise fréquentant une école de langue française a nettement augmenté, passée de 18,4 % à 31,9 % », note l’OQLF à ce sujet.

L’école se francise à Montréal

Les gains du français sont en grande partie attribuables à Montréal. Alors qu’un petit Montréalais sur quatre fréquentait l’école en anglais en 2000, ils sont désormais moins d’un sur cinq. La part des élèves anglophones de Montréal fréquentant l’école en français a presque doublé, passant de 17,7 % à 31,9 %. Chez les allophones, la proportion est passée de 78,3 % à 90 %. Pendant ce temps, elle est demeurée stable chez les francophones, à 97 %. À partir de 2011, Montréal comptait plus d’élèves allophones que francophones, mais « cette situation s’est renversée en 2021 », entre autres en raison de la pandémie de COVID-19 et la baisse de l’immigration. Cela pourrait toutefois être « temporaire », selon l’OQLF.

Moins d’élèves admissibles en anglais

Pourquoi tant d’élèves anglophones et allophones fréquentent-ils l’école en français ? Parce qu’ils sont de moins en moins admissibles à l’école en anglais, note l’OQLF. En vertu des règles en vigueur, seulement 72 % des élèves de langue maternelle anglaise sont admissibles à l’école en anglais. Ce taux d’admissibilité était de 85 % en 2000. La diminution d’admissibilité se constate aussi chez les allophones, ce qui s’explique par une migration qui vient de plus en plus de l’international – plutôt que du reste du Canada – et le fait « qu’on trouve de plus en plus de personnes nées ici qui constituent la deuxième ou la troisième génération de leur famille scolarisée en français », lit-on dans le rapport.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Les élèves anglophones et allophones sont de moins en moins admissibles à l’école en anglais, note l’OQLF.

Forte hausse en séjour temporaire

L’un des rares groupes où l’anglais gagne du terrain se trouve chez les élèves effectuant un séjour temporaire au Québec. L’OQLF note que le nombre d’autorisations à étudier en anglais a triplé depuis 20 ans, avec une hausse majeure de 216 %. Sans surprise, l’Office attribue d’abord et avant tout ce changement à la hausse au nombre de résidents non permanents qui augmente au sein de la population québécoise. Fait inusité, pas moins de 29 % des élèves ayant obtenu une autorisation à étudier en anglais ont le français comme langue maternelle. Alors qu’au début 2000, à peine 83 élèves francophones en séjour temporaire avaient demandé à étudier en anglais, ils étaient plus de 1355 en 2021.

Avec Pierre-André Normandin, La Presse