(Québec) Le gouvernement Legault confirme une hausse des droits de scolarité des étudiants venant des autres provinces canadiennes et rend conditionnelle une partie du financement des universités McGill et Concordia à la francisation de 80 % de leurs étudiants non québécois.

Dans une lettre envoyée aux recteurs des trois universités anglophones du Québec, la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry, les informe que les droits de scolarité des étudiants venant des autres provinces canadiennes passeront finalement de 9000 $ à 12 000 $ par année, une augmentation de 33 %, comme La Presse l’avait révélé. Elle a abandonné son intention annoncée plus tôt cet automne de pratiquement doubler ces frais pour que la facture atteigne 17 000 $.

Les étudiants des autres provinces qui fréquentent une université francophone n’auront pas à payer plus : « ils vont rester au tarif actuel de 9000 $ et, éventuellement, on va voir si on est capable d’abaisser le tarif », a précisé la ministre en entrevue.

Dans un changement par rapport à l’annonce du 14 octobre, l’Université Bishop’s est épargnée. Parce que « la situation démographique et linguistique dans la région de l’Estrie [est] distincte de celle de la grande région de Montréal », dit-elle. Cette institution de Sherbrooke pourra continuer d’accueillir un nombre fixe d’étudiants d’autres provinces au tarif actuel de 9000 $ « pour un total de 825 exclusions tarifaires à terme ».

« En d’autres mots, il n’y aura pas d’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants et étudiantes du reste du Canada qui viennent à Bishop’s », s’est réjoui le principal et vice-chancelier de l’Université Bishop’s, Sébastien Lebel-Grenier.

Par contre, la nouvelle tarification pour les étudiants étrangers « se traduira par une perte de revenus de 1,8 million de dollars pour l’Université ».

Car Pascale Déry va de l’avant avec cette autre mesure annoncée le 14 octobre. Elle fixe un tarif plancher à 20 000 $ pour les étudiants étrangers, somme sur laquelle le gouvernement percevra 3000 $.

C’est le statu quo pour les étudiants de la France et de la Belgique, qui continueront de payer 9000 $ par année. Une baisse de leur facture « n’est plus dans les cartons », a indiqué la ministre.

Les fonds supplémentaires amassés grâce aux nouveaux tarifs, environ 125 millions de dollars par année, serviront à augmenter le financement des universités francophones. Le président de l’Université du Québec, Alexandre Cloutier, a salué cette mesure qui permettra d’« assurer un meilleur équilibre des revenus générés par les étudiants internationaux entre les universités ».

Francisation

En contrepartie d’une hausse moins marquée que prévu des droits de scolarité, Québec impose de nouvelles exigences aux universités anglophones.

Dès 2024-2025, Québec veut qu’elles « commencent leurs efforts de développement des compétences en français et modifient leurs politiques linguistiques afin d’inclure clairement leur engagement à cet égard ».

Surtout, le gouvernement leur demande qu’à partir de 2025-2026, « 80 % des nouveaux inscrits non québécois dans un programme d’études anglophone atteignent le niveau 5 à l’oral selon l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français au terme de leur programme de grade de premier cycle ».

Le gouvernement « soutiendra l’atteinte de ces objectifs via la politique de financement » des universités. « Toutefois, une partie du financement pour les étudiants non québécois sera assujettie à l’évaluation et au développement des compétences en français par les établissements ». Les modalités seront déterminées plus tard.

L’Université Bishop’s devra elle aussi franciser 80 % de ses étudiants non québécois, mais contrairement à McGill et Concordia, « son financement ne sera pas conditionnel à l’atteinte de cette cible », précise Pascale Déry.

Le niveau 5, c’est quoi ?

Le niveau 5 à l’oral de l’Échelle québécoise des niveaux de compétence en français correspond à un niveau intermédiaire. L’échelle compte 12 niveaux. Selon cette échelle, « la personne comprend l’essentiel de conversations portant sur des sujets courants ». Elle est capable de comprendre, par exemple, « l’information transmise par une voisine concernant les activités organisées à l’occasion d’une fête de quartier » ou encore « l’information donnée au téléjournal concernant une compétition sportive internationale ». De plus, « la personne communique sur des sujets courants dans des conversations ou de courtes présentations ». Elle peut « décrire un problème de santé au téléphone à une infirmière du service Info-Santé » ou encore « interagir par téléphone avec la réceptionniste d’un hôtel pour réserver une chambre et connaître les services offerts ».