La nouvelle politique du gouvernement Legault qui prévoit une hausse substantielle des droits de scolarité des étudiants canadiens de l’extérieur du Québec est basée « sur des impressions et des émotions » et l’Université McGill entend prendre « toutes les mesures » nécessaires pour poursuivre sa mission d’excellence, a déclaré en conférence de presse jeudi son recteur et vice-chancelier, Deep Saini.

La ministre Pascale Déry a annoncé jeudi matin que les étudiants canadiens de l’extérieur du Québec devront payer 12 000 $ en frais de scolarité (comparativement aux 17 000 $ annoncés en octobre). Au surplus, 80 % des étudiants au premier cycle provenant de l’extérieur du Québec devront avoir atteint un niveau intermédiaire de compétence en français au moment de l’obtention de leur diplôme. Seule l’Université Bishop’s, située en Estrie où la réalité du français est autre, dixit la ministre – est épargnée.

De telles exigences de francisation pour les étudiants qui ne parlent pas français sont impossibles à atteindre, selon l’Université McGill. Le gouvernement Legault compte « des gens intelligents, qui sont capables de le comprendre, s’ils font l’effort de comprendre », a dit M. Saini.

« C’est une attaque en règle contre des institutions qui sont au Québec depuis des centaines d’années », a déclaré Fabrice Lareau, premier vice-président exécutif adjoint de l’Université McGill.

Des recours judiciaires sont-ils envisagés ? Qu’entend-on par le fait que l’Université McGill entend prendre toutes les mesures nécessaires pour contrer la politique annoncée ? Les responsables de l’établissement ont indiqué qu’il est trop tôt pour le préciser.

Dans le communiqué de presse, l’Université McGill s’attend « à ce que les répercussions financières dépassent les 94 millions de dollars initialement estimés ».

L’Université McGill dit observer déjà une baisse de 20 % de demandes d’admission en provenance d’étudiants du reste du Canada.

Est-il possible que cela puisse être en partie compensé par les demandes provenant du Québec ou d’ailleurs dans le monde ? En conférence de presse, les responsables de l’Université McGill ont d’abord esquivé la question de La Presse en y répondant à côté. Quelques minutes plus tard, M. Lareau a fini par préciser que « le temps dira » si des admissions du Québec ou de l’extérieur du Canada limiteront les dégâts. Mais « ces nouvelles mesures amènent une compétition étrange entre les universités pour attirer les mêmes étudiants, compétition dont nous n’avions pas besoin ».

« Il faut trouver une solution qui permettra au Québec de protéger et de promouvoir la langue française, sans nuire à l’économie et aux universités », a conclu Deep Saini, recteur et vice-chancelier à l’Université McGill.