Les profs ne démissionnent pas en masse depuis le début de la grève, du moins pas au centre de services scolaire de Montréal (CSSDM). Seuls sept d’entre eux l’ont fait depuis la fermeture des écoles, soit quatre de moins qu’à la même période il y a un an. L’issue des négociations aura un impact important pour la suite des choses, disent les directions d’école et le syndicat.

Ce qu’il faut savoir

Le nombre d’enseignants ayant démissionné n’est pas particulièrement élevé depuis le début de la grève dans certains centres de services scolaires, dont celui de Montréal.

L’Alliance des professeurs de Montréal estime que bien des profs attendent le résultat des négociations pour « faire le point » sur leur avenir professionnel.

Les démissions sont aussi l’affaire des employés du réseau de l’éducation à statut précaire, du personnel « tout aussi essentiel ».

Selon le plus important centre de services scolaire de la province, sept profs ont choisi de démissionner entre le 20 novembre (soit la première semaine de grève) et le 9 décembre 2023.

À la même période l’an dernier, soit du 19 novembre au 9 décembre 2022, 4 enseignants de plus avaient démissionné, pour un total de 11.

Le CSSDM emploie 9598 enseignants.

Au centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys, le deuxième en importance au Québec, le nombre de démissions d’enseignants au cours des six derniers mois est de 56, soit une de plus qu’à la même période l’an dernier, où on recensait 55 démissions entre juillet et décembre.

Toutefois, pour le mois de novembre, on note une augmentation du nombre de démissions entre les deux années : il y en a eu 12 en 2023, contre seulement 3 l’an dernier.

Le centre de services scolaire de Laval, qui compte 6200 profs dans ses écoles, rapporte quant à lui 4 démissions depuis le début de la grève générale illimitée de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).

Au centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, on nous explique qu’il est impossible de nous donner le nombre de démissions par mois en raison de « la grève du personnel de soutien et professionnel ».

« Cette opération doit être faite manuellement », écrit Valérie Biron, directrice des communications de ce CSS. Elle précise toutefois que depuis le début de l’année scolaire 2023-2024, 29 enseignants ont remis leur démission.

Pour 2022-2023, 110 enseignants ont fait de même dans ce centre de services.

Il est à noter que nous ne connaissons pas les raisons de ces démissions, qui peuvent s’expliquer par un changement de CSS par exemple pour se rapprocher de son domicile.

Valérie Biron, directrice des communications du CSS de la Pointe-de-l’Île

Au centre de services scolaire Marie-Victorin, sur la Rive-Sud de Montréal, on indique qu’il est impossible de donner cette information pour l’instant puisque « les employés qui œuvrent à sortir ces données sont absents jusqu’au 14 décembre ».

Fait à noter, les démissions d’enseignants sont allées en augmentant au cours des cinq dernières années au CSSDM. Alors qu’ils n’étaient que 163 à avoir quitté ce centre de services en 2018-2019, ils ont été deux fois plus nombreux au cours de la dernière année scolaire (340 en 2022-2023).

Une négo à l’« effet direct »

Alors que les négociations avec Québec perdurent, verra-t-on davantage de profs se décourager et faire de cette année leur dernière année d’enseignement ?

À l’Alliance des professeurs de Montréal, qui représente les enseignants syndiqués du CSSDM, la présidente Catherine Beauvais-St-Pierre estime que bien des profs attendent le résultat des négociations actuelles pour « faire le point » sur leur avenir professionnel.

Les enjeux discutés à la table de négociation, notamment ceux concernant la lourdeur de la tâche et la composition de la classe, auront des effets directs et immédiats sur la pénurie enseignante et l’avenir de l’école publique.

Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeurs de Montréal

« C’est avec beaucoup d’amertume que je donnerai ma démission à la fin de l’année scolaire et je ne reviendrais pas, même si on me donnait 1 million par année », a récemment écrit à La Presse une enseignante ayant plus de 30 ans d’expérience.

Certaines directions d’école de Montréal reçoivent des avis de démission du personnel en grève, mais pas seulement des profs, dit-on à l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).

« Plus la grève se prolonge, plus les gens se demandent s’ils vont demeurer dans le réseau de l’éducation », dit sa présidente Kathleen Legault.

Elle observe qu’il s’agit souvent d’employés à statut précaire qui se trouvent un nouvel emploi et choisissent d’y rester.

« On en a d’autres qui voient la lenteur apparente des négociations, donc ça leur donne l’impression que leur travail est peu reconnu », poursuit Mme Legault, qui rappelle que les grèves touchent aussi du personnel dont on parle moins, mais qui est « tout aussi essentiel ».

Elle cite par exemple le personnel professionnel et le personnel administratif. « Avec la pénurie de personnel, nos employés ont d’autres options », dit Mme Legault.