Plusieurs milliers de profs affiliés à la Fédération autonome de l’enseignement (FAE) ont manifesté à Montréal jeudi pour marquer la première journée de leur grève générale illimitée, qui pourrait s’étirer pour au moins une semaine.

C’est dans une ambiance de fête, au son des tambours, des flûtes et des crécelles que ces profs ont marché, du quartier Villeray au Plateau-Mont-Royal. Les affiches montrent clairement que la subvention accordée aux Kings de Los Angeles ne passe pas chez les manifestants, tout comme la hausse de salaire de 30 % que se sont accordée les élus.

PHOTO PATRICK SANFACON, LA PRESSE

Avant que la marche ne s’ébranle, la présidente de la FAE Mélanie Hubert a invité le gouvernement à « mettre en place des moyens pour rééquilibrer les classes, la composition de groupes qui sont devenus difficiles à gérer parce qu’il y a trop d’élèves en difficulté, en manque de service ».

Les parties sont toujours à la table de négociation, a-t-elle précisé, mais « les profs sont prêts à prendre la rue le temps qu’il faudra ».

« C’est fort peu probable qu’on ait une entente de principe à présenter à nos membres dans les 4-5 prochains jours, donc effectivement, on peut s’attendre à une première semaine de grève », dit néanmoins Mme Hubert.

La FAE représente 66 500 enseignants.

Christian Tardif et François Morrier sont deux enseignants à la formation professionnelle en charpenterie-menuiserie. Ils sont venus de Québec pour la grande manifestation et ne sont pas tendres à l’égard du gouvernement de François Legault.

« Legault voit que ses sondages baissent, il va peut-être réagir. Mais je pense que [le conflit] va être long », dit Christian Tardif, qui a occupé un emploi précaire pendant plusieurs années avant d’obtenir un poste à temps plein.

Même en grève générale illimitée et sans revenus, plusieurs enseignants rencontrés à la manifestation évoquaient leur devoir de réserve.

« Le plus important pour moi, c’est la composition de la classe », a dit Amélie, une prof de 4e année de Montréal. « On n’a pas assez de services pour des classes qui sont parfois complexes. Le salaire, c’est toujours bien, mais ce n’est pas seulement ça », ajoute-t-elle.

Enseignant dans une école secondaire de l’est de Montréal, Yves portait une affiche sur laquelle on lisait « change de toune Bernard », en référence au ministre de l’Éducation Bernard Drainville, qui a récemment entonné une chanson des Cowboys Fringants en point de presse.

« L’enjeu, ce sont les salaires, le coût de la vie. Les policiers, les médecins et même les politiciens en ont eu plus. On mérite aussi notre part », dit Yves, qui a refusé de donner son nom de famille.

Quand on lui soumet que le premier ministre François Legault se dit prêt à bonifier l’offre salariale, l’enseignant cite les conditions de travail.

« Il y a beaucoup de choses sur la table », dit celui qui compte 20 ans d’expérience.