Le personnel dans les écoles est parfois la cible de violence « collatérale », montre une récente décision du Tribunal administratif du travail, qui s’est penché sur le cas d’une enseignante qui a reçu un coup de poing qui ne lui était pas destiné.

L’évènement s’est produit à l’automne 2020. Une enseignante d’éducation physique de l’école secondaire Jacques-Rousseau de Longueuil constate que deux élèves commencent « à s’obstiner » pendant un cours.

« Je me suis retrouvée coincée entre les deux malgré moi, durant leur bousculade. J’ai reçu un coup au visage de la part d’un des jeunes, au niveau de l’angle inférieur de la mandibule », a témoigné l’enseignante. Elle « voit des étoiles, se sent sonnée ».

La CNESST « impute à l’employeur le coût des prestations en lien avec cet accident ».

Or, le CSSMV a contesté cette décision devant le Tribunal administratif du travail en plaidant qu’il s’agissait d’un évènement « inusité et improbable » et qu’il ne faisait pas partie des risques de travailler dans une école. Il impute l’accident à « un tiers » et estime qu’il est « injuste » qu’il doive payer.

La représentante du CSSMV a expliqué au tribunal qu’il survient « une à deux bousculades entre élèves se terminant par une blessure chaque semaine », la majorité à l’extérieur de l’école.

L’élève qui a asséné le coup de poing à l’enseignante en voulant frapper son collègue de classe, a-t-on aussi argué, représentait un « faible risque ».

« L’élève n’est pas connu pour être violent. Il a par contre diverses difficultés sociales menant à des suspensions », lit-on dans le document, où on ajoute aussi qu’il est « plus costaud et plus grand que madame ».

Le centre de services scolaire a aussi tenté de faire valoir que le « risque d’agression est plus grand dans les écoles spécialisées tout comme dans les classes spécialisées intégrées dans les écoles régulières ».

Un argument réfuté par le juge, qui le considère comme « pas convaincant ».

Risque variable

« Il est évident que le risque de subir un accident varie selon les élèves avec lesquels l’enseignante interagit », écrit le juge du Tribunal administratif du travail Guillaume Saindon.

Dans ce cas-ci, l’enseignante est « une victime collatérale » d’une altercation survenue entre deux élèves, poursuit le juge Saindon.

« Ces circonstances, bien que peu fréquentes, font partie des risques des activités de l’employeur », lit-on dans le jugement.

Le fait que le centre de services scolaire ait expliqué « avec détails » les différentes lésions professionnelles « impliquant des agressions envers le personnel » montre que ce n’est pas « anormal lorsque cela survient » au CSSMV, ajoute le juge.

« Également, il en ressort clairement que la majorité de ces réclamations acceptées par la [CNESST] sont survenues dans des écoles spécialisées ou avec des élèves identifiés pour lesquels des services de soutien spécialisé sont mis en place », précise-t-il dans son jugement rendu le 16 juin dernier.

Il confirme donc la décision de la CNESST, qui oblige le centre de services à payer en totalité le coût des prestations liées à cet accident de travail.

Certains cas particuliers survenus dans les écoles ces dernières années ont mis en lumière la violence à laquelle le personnel – et les élèves – est exposé.

Le printemps dernier, la CNESST a ordonné l’arrêt des « services éducatifs » dans une école primaire de Sainte-Marie, en Beauce, en raison de comportements violents d’élèves qui mettaient en danger le personnel.

Dans un récent sondage mené par la Fédération des employées et employés des services publics (FEESP-CSN), le tiers des employés de soutien des écoles disait avoir subi de la violence physique.