(Montréal) Les deux fédérations de syndicats d’enseignants se disent inquiètes de voir que 30 000 enseignants non légalement qualifiés enseignaient dans les écoles québécoises en 2020-2021, comme l’a rapporté jeudi la vérificatrice générale Guylaine Leclerc. Toutefois, elles n’en sont pas surprises.

« Oui, c’est alarmant. Oui, on s’inquiète. Mais on n’est pas surpris, parce que ça concorde avec ce qu’on dit depuis des années », a lancé en entrevue vendredi Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE), affiliée à la CSQ.

Mme Scalabrini déplore le fait que la vérificatrice générale a souligné que « c’est depuis 2004 qu’on avait des alarmes [à ce sujet]. Et tous gouvernements confondus, il n’y a jamais eu des gestes qui ont été posés pour venir contrer cette pénurie-là qui s’en venait à grande vapeur ».

Elle rappelle qu’il y a 15 ans, la FSE demandait déjà de revaloriser la profession enseignante pour y attirer des candidats.

Et Québec a maintenant dû embaucher des enseignants non légalement qualifiés pour s’assurer qu’il y ait un enseignant dans chaque classe.

La présidente de FSE se dit aussi inquiète du fait que le ministère de l’Éducation ne semble pas trop au courant de ce qui se passe dans les écoles, qu’il manque de données, selon la vérificatrice générale.

Ne pas lancer la pierre

La présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert, nourrit les mêmes inquiétudes et n’est pas plus surprise. « C’était les constats de nos syndicats. »

Elle invite aussi à ne pas être trop critiques envers ces enseignants non légalement qualifiés, qui viennent donner un précieux coup de main aux autres enseignants, qui sont souvent surchargés de travail, voire épuisés.

« On salue quand même les profs qui enseignent sans qualification en ce moment. Ils ont donné un gros coup de main dans le réseau. On voit les chiffres. S’ils n’étaient pas là, il y aurait beaucoup de classes où il n’y aurait pas d’enseignants et on serait en bris de service. Donc, l’idée, ce n’est pas de leur lancer la pierre. Ces personnes-là font de leur mieux, avec ce qu’elles ont comme bagage. Mais ce n’est pas suffisant pour être capable d’enseigner et de maîtriser tous les aspects du métier », a opiné Mme Hubert.

Les deux fédérations rappellent que l’arrivée en nombre de nouveaux enseignants non légalement qualifiés entraîne aussi une surcharge de travail pour les enseignants déjà en poste, puisque les nouveaux ont besoin d’encadrement, de conseils, de soutien.

Mmes Scalabrini et Hubert estiment donc qu’une partie de la solution au problème passe par l’amélioration des conditions de travail des enseignants, afin de rendre la profession plus attirante et de garder en poste ceux qui y sont déjà.

Pour améliorer les conditions de travail, il y a, oui, les salaires, mais il y a aussi la révision de la composition des classes, la formation de groupes mieux équilibrés, du soutien aux enseignants et plus de temps pour l’accompagnement, ont plaidé les deux présidentes de fédérations syndicales.