(Québec) La Fédération des syndicats de l’enseignement, affiliée à la CSQ, doute du succès des 12 000 $ offerts par Québec pour inciter les 7000 enseignants admissibles à la retraite à rester au travail à temps complet une année de plus. Une autre mesure déjà en vigueur paraît plus avantageuse pour un retraité qui décide de revenir dans le réseau, selon elle.

Le 21 septembre 2020, première année de la pandémie, le gouvernement Legault a en effet annoncé un « incitatif financier afin de favoriser un retour à l’enseignement du personnel retraité ». Le 24 janvier 2022, il a annoncé qu’il est « pérennisé ».

Cet incitatif consiste à permettre à un enseignant retraité – peu importe la date du départ – de retourner au travail tout en recevant sa pleine pension. On lui verse alors une rémunération en fonction du taux de l’échelle unique de traitement à l’échelon correspondant à son expérience (donc le plus élevé pour la plupart des cas de figure), plutôt qu’en fonction du taux habituel de suppléance occasionnelle. Cela représente donc 460 $ par jour, « près du double de la rémunération maximale habituelle » comme le signale un document du gouvernement.

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a lui-même confirmé l’existence de cette mesure jeudi, lors d’une conférence de presse à l’occasion de l’inauguration du pavillon de l’enseignement en médecine de l’Hôtel-Dieu de Lévis.

Après 26 jours de suppléance, cet enseignant obtient donc les 12 000 $ offerts par la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, tout en recevant ses prestations de retraite (équivalentes à 70 % de la moyenne du salaire des cinq meilleures années).

Ce n’est pas tout, ajoute la FSE-CSQ. Le même enseignant a droit à une autre prime de 7,89 % payable sur le salaire qui est habituellement cotisable au régime de retraite (RREGOP), c’est-à-dire la part des cotisations de l’employeur pour le régime de retraite. À temps complet, cette prime équivaut à environ 7200 $ par année, toujours au sommet de l’échelle.

La FSE-CSQ mentionne également que la mesure annoncée cette semaine par Sonia LeBel arrive bien tard. Plusieurs enseignants ont déjà pris leur décision de partir à la retraite.

Au cabinet de Sonia LeBel, on fait valoir que la nouvelle mesure incitative « vise à permettre une stabilité à l’enseignant en ayant la possibilité de conserver sa priorité pour le choix de classe ».

Rappelons que cette priorité pour le choix de classe en fonction de l’ancienneté est remise en question par Québec dans le cadre des négociations sur le renouvellement des conventions collectives. Sonia LeBel réclame « plus de souplesse ».

« Ça n’a pas de sens » que les enseignants en début de carrière soient majoritairement responsables des classes « les plus difficiles », disait-elle en entrevue à La Presse cette semaine. « Ce que ça a comme effet, c’est qu’on les perd dans les cinq premières années » de pratique. « Je ne veux pas jeter aux poubelles la question de l’ancienneté, mais je veux qu’on soit capable de discuter d’un meilleur équilibre entre les plus expérimentés et les nouveaux. »