Les hurlements lancés par une enseignante de Sainte-Marthe-sur-le-Lac à ses élèves de première année ont été entendus jusque dans le bureau du premier ministre.

« C’est épouvantable, ce qu’on entend sur la bande sonore », a lancé François Legault en ouverture d’un point de presse, mardi, à Québec.

À l’instar de son ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, il s’est réjoui de voir l’enseignante suspendue et que des enquêtes aient été déclenchées par le service de police de Deux-Montagnes et par le centre de services scolaire des Mille-Îles.

« C’est complètement inacceptable que des enfants se fassent bardasser comme ça, c’est totalement inacceptable », a-t-il laissé tomber, incrédule.

« C’est l’horreur »

Un peu plus tôt, M. Drainville n’a pas caché avoir été secoué par l’enregistrement de l’enseignante hurlant à ses élèves de première année à l’école des Grands-Vents de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.

« Honnêtement, c’est l’horreur quand j’entends ça. C’est l’horreur comme ministre, puis c’est l’horreur comme père de trois enfants. »

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Bernard Drainville

Outre les enquêtes de la police et du centre de services scolaire, Bernard Drainville a précisé que le mandat d’enquête général qu’il a récemment déclenché s’applique à un tel cas puisque ce mandat ne concerne pas que les allégations d’inconduite sexuelle, mais aussi tout comportement inadéquat mettant à risque la sécurité psychologique des enfants.

Le ministre s’est dit convaincu que l’enseignante n’aurait pas dû être en classe. « Chose certaine, dans l’état où elle était, elle n’était absolument pas en mesure d’enseigner à des enfants. »

Soutien psychologique

Il a assuré qu’un soutien psychologique a été offert non seulement aux enfants de la classe et à leurs parents, mais à tous les enfants et parents de l’école.

« Honnêtement, je peux comprendre comme parent que ces parents soient sous le choc, qu’ils craignent que leur enfant ait été marqué par ça », a-t-il dit.

Voies de fait ?

L’affaire a rebondi à la période des questions avec de nouvelles révélations de la porte-parole libérale en matière d’éducation, Marwa Rizqy. « D’autres élèves ont dit qu’ils pouvaient entendre ladite enseignante alors qu’ils n’étaient pas dans sa classe », a-t-elle signalé, donnant ainsi du poids à l’idée d’offrir un soutien aux autres enfants de l’école qui ne fréquentent pas la classe de cette enseignante.

Puis, elle a demandé au ministre de reconsidérer l’idée de laisser le centre de services scolaire enquêter puisque, selon ses informations, cette situation dure depuis des mois et que la violence verbale s’est même transformée en violence physique sans que le centre de services intervienne. « J’ai de la preuve qui démontre que le centre de services scolaire, l’avocat ainsi que les ressources humaines savent minimalement depuis janvier pour les violences verbales et des voies de fait. »

Bernard Drainville lui a donné raison, mais a répété que ses propres enquêteurs sont au dossier en vertu du mandat d’enquête général qu’il a confié à son ministère. Il n’a pas caché qu’il était extrêmement préoccupé. « Est-ce que des hurlements comme ceux-là n’auraient pas été entendus dans les couloirs ? N’auraient pas été entendus par d’autres membres du personnel ? Je me pose de grosses, grosses questions », a-t-il affirmé.

Directions responsables devant les médias

Ancien journaliste lui-même, le ministre en a profité pour rappeler que les dirigeants de centres de services scolaires ont aussi des comptes à rendre. La directrice du centre de services scolaire des Mille-Îles, Nathalie Joannette, avait mis un certain temps à se rendre disponible. « Il faut que, de plus en plus dans des cas qui impliquent la gestion des centres de services, la direction générale, des directeurs et directrices prennent la parole, c’est leur responsabilité. C’est même dans la loi », a dit Bernard Drainville.

« Les directeurs, les directrices sont les porte-parole de leur centre de services scolaire et vous ne devriez pas être obligés de vous y prendre à de multiples reprises pour avoir des entrevues, à un moment donné. Les directions générales des centres de services sont imputables et devraient se rendre disponibles pour les médias. »

Les enregistrements de l’enseignante, diffusés lundi par QUB radio, ont soulevé l’indignation de la population à travers la province.