Le ministre de l’Éducation Bernard Drainville juge « inacceptable » que la ligne téléphonique mise en place par son propre ministère pour dénoncer une situation d’inconduite ou de violence sexuelle dans une école renvoie systématiquement à une boîte vocale.

Le ministre a réagi vendredi par la voie de son attachée de presse. « Des correctifs seront apportés », a précisé Florence Plourde.

La Presse rapportait vendredi matin que la ligne mise en place par le ministère de l’Éducation pour dénoncer une situation d’inconduite ou de violence sexuelle ne permet pas de parler immédiatement de vive voix à quelqu’un, même pendant les heures d’ouverture en semaine. Le 1833 DENONCE invite ceux qui appellent à laisser leur nom et leur numéro de téléphone et à attendre un retour d’appel.

Le gouvernement envoie un bien « mauvais message » aux victimes en ne fournissant pas une aide immédiate à ceux qui tentent de dénoncer une situation d’inconduite ou de violence sexuelle dans une école, a estimé vendredi la Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

La CSQ estime que peu importe qui choisit de dénoncer une situation vécue dans une école, cette personne doit recevoir « une assistance rapide et directe ».

« Sinon, ce n’est qu’une façade qui risque plutôt d’alimenter le cynisme. Et ce n’est vraiment pas le message à envoyer aux victimes, qui font preuve de beaucoup de courage », a déclaré son président Éric Gingras dans un communiqué.

La critique en matière d’éducation de Québec solidaire juge elle aussi la situation « inacceptable ».

« En matière d’agressions sexuelles, il faut que le gouvernement soit à l’écoute des experts. Ces derniers nous disent qu’une boîte vocale n’est pas une solution », dit Ruba Ghazal.

Des organismes qui œuvrent auprès de victimes de violences sexuelles ont en effet témoigné à La Presse qu’il est « essentiel » que ceux qui prennent le téléphone pour dénoncer une situation puissent parler de vive voix à quelqu’un.

La critique en matière d’éducation du Parti libéral Marwah Rizqy estime « ridicule » que le service téléphonique mis en place de Québec renvoie les plaignants à une boîte vocale et qu’il ne soit pas accessible 24 heures sur 24.

« Une ligne téléphonique sans interlocuteur, ça n’a pas de bon sens ! C’est un peu comme hôpital sans personnel soignant », a pour sa part observé Joël Arseneau, député du Parti québécois des Îles-de-la-Madeleine.

Ruba Ghazal appelle le ministre Drainville à « aller plus loin qu’une ligne téléphonique et adopter une loi-cadre pour lutter contre les violences sexuelles dans nos écoles ».