Une ligne téléphonique que peut désormais utiliser tout témoin ou toute victime d’inconduite sexuelle ou de violence dans les écoles vient d’être créée par le gouvernement du Québec.

Cet outil est lancé au moment où le ministère de l’Éducation mène une « enquête générale » sur de nombreux scandales touchant le réseau scolaire depuis quelques semaines.

La ligne 1 833 DENONCE (1 833 336-6623) est accessible dès maintenant, de 8 h 30 à 16 h 30 les jours de semaine. Il est aussi possible de laisser un message vocal en tout temps, et ce, « dans la plus grande confidentialité », peut-on lire dans le communiqué diffusé par le ministère de l’Éducation.

La ligne téléphonique s’ajoute à l’adresse courriel déjà en vigueur, signalements@education.gouv.qc.ca.

« La multiplication des cas de violence dans le réseau de l’éducation me préoccupe », a déclaré le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville.

Les élèves qui en ont été victimes dans nos écoles doivent pouvoir rapporter ces situations confidentiellement et en toute sécurité.

Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

Le ministère de l’Éducation ne peut se substituer aux corps policiers, notamment dans les cas d’infraction criminelle, a-t-il ajouté. « Nous encourageons toute personne ayant subi un acte criminel dans un milieu scolaire, ou en ayant été témoin, à dénoncer la situation directement à la police en composant le 911 ou en se présentant dans un poste de police », a précisé le ministre Drainville par communiqué.

Scandales passés

En février, Le Journal de Montréal a écrit que le centre de services scolaire du Chemin-du-Roy, à Trois-Rivières, aurait embauché un enseignant qui avait eu un bébé avec une élève de 16 ans dans les années 1990 (du temps où il travaillait dans une école privée). Toujours selon le quotidien, il aurait aussi eu une liaison avec une autre élève de 15 ans avec qui il aurait eu trois enfants après sa majorité.

Véronie Campeau, éducatrice spécialisée du centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île, a plaidé coupable en mars à des accusations de contact sexuel sur une mineure de moins de 16 ans, d’incitation à des contacts sexuels et d’exploitation sexuelle.

Toujours en mars, Dominic Blanchette, enseignant d’une école primaire du même centre de services scolaire, a lui aussi plaidé coupable à plusieurs crimes impliquant cinq jeunes élèves.

Au centre de services scolaire des Patriotes, un professeur condamné pour proxénétisme à la fin des années 1990 a pu retrouver son poste après sa peine de pénitencier. Et au collège privé Stanislas, un enseignant, Alexandre Gagné, fait face à 15 chefs d’accusation de nature sexuelle. Un enseignant en éducation physique du même collège avait pour sa part été condamné en 2019 à 10 mois de prison pour possession de pornographie juvénile.

Dans un rapport policier sur le cas de Véronie Campeau, il est écrit : « Tous ont baissé les yeux pour diverses raisons. »

Une ligne téléphonique et une adresse courriel pour des victimes ou des témoins s’imposent d’autant plus qu’en milieu scolaire, le devoir de loyauté fait souvent l’objet « d’une fausse interprétation », signale Jean Bernatchez, professeur-chercheur en administration scolaire à l’Université du Québec à Rimouski.

« Le personnel scolaire doit être loyal à l’endroit de l’institution (l’école, sa mission, ses valeurs, ses élèves…), mais pas nécessairement à l’endroit de l’organisation (le centre de services scolaire et sa direction) lorsqu’un dilemme éthique se présente sur ce plan. »