Parce qu’il a vu des étudiants qui sentent qu’on les « regarde de haut » en raison de leur choix de métier, le ministre de l’Éducation veut changer l’image de la formation professionnelle. « On s’entend-tu qu’on a besoin d’électriciens et de plombiers ? », a demandé Bernard Drainville à un parterre de gens d’affaires, les exhortant toutefois à ne pas faire augmenter le décrochage.

Devant les membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), le ministre de l’Éducation a louangé la formation professionnelle, pour laquelle Québec investira 81,3 millions de dollars d’ici 2027.

« Des fois, les élèves [inscrits en formation professionnelle] ont l’impression qu’on les regarde de haut. Il y en a même qui me disent : il a fallu que je me chicane avec mes parents pour qu’ils acceptent ça », dit Bernard Drainville.

« On s’entend-tu qu’on a besoin d’électriciens et de plombiers ? », a-t-il ajouté. Aux employeurs qui cherchent désespérément de la main-d’œuvre, il a toutefois lancé un message clair : « Ne sortez pas les élèves de l’école ».

Les diplômés de la formation professionnelle « gagnent très bien leur vie », a poursuivi le ministre Drainville. « Je suis un diplômé de sciences politiques, je suis capable de comparer… », a déclaré M. Drainville, suscitant des rires dans la salle.

Parmi les sept priorités établies par le ministre pour le mandat qu’il vient d’entreprendre, figure celle de diplômer 30 000 élèves dans ce secteur. En période de pénurie, « c’est une grosse, grosse commande », a reconnu le ministre.

Bernard Drainville s’est également défendu d’être un ministre « jovialiste » et a reconnu que le ministère de l’Éducation « ne fonctionne pas comme ça devrait fonctionner ».

« Ma job, c’est de régler les problèmes et de faire des avancées. L’éléphant, je vais le manger une bouchée à la fois, mais je veux des avancées rapides. Il faut changer l’ambiance autour de l’éducation. On ne peut pas constamment voir ce qui va mal et ne pas parler de ce qui va bien », a-t-il déclaré.

« Nos écoles ont besoin d’amour »

Dès 7 h mardi matin, les syndicats d’enseignants s’étaient réunis pour accueillir le ministre au centre-ville de Montréal.

Le thème de la manifestation s’imposait en ce 14 février. Sur le boulevard René-Lévesque à Montréal, c’est au son de Love Hurts de Nazareth ou de With or Without You de U2 qu’une centaine de syndiqués affiliés à la CSQ ont manifesté devant le Centre Sheraton, où le ministre de l’Éducation s’adressait aux membres de la CCMM.

« Aujourd’hui, c’est la Saint-Valentin et on est venu dire au ministre que nos écoles ont besoin d’amour. Il nous a parlé de sept priorités dernièrement, on attend des actions », a déclaré Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement.

En matière de formation professionnelle, le ministre a de « grandes ambitions », a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la Fédération autonome de l’enseignement.

« Ce qu’on vient dire, c’est faisons attention, allons-y prudemment et intelligemment. Il ne s’agit pas d’asseoir des élèves sur des bancs d’école en attendant que tout se passe. Il faudra convaincre des gens dans des métiers en pénurie de venir enseigner », a rappelé Mme Hubert.