Une majorité de Québécois s’inquiète qu’en raison de la pénurie de main-d’œuvre, des jeunes soient incités à aller travailler plutôt qu’à finir leurs études, révèle un sondage mené pour le compte du Réseau québécois pour la réussite éducative (RQRE).

Des histoires de jeunes qui vont travailler pendant les heures de classe, parfois même avec l’autorisation de leurs parents, la directrice générale du RQRE en entend.

Dans ce contexte, Audrey Mckinnon est « rassurée » des résultats qui ressortent d’un sondage mené par la firme Léger, qui démontre que sept Québécois sur dix sont préoccupés par le fait que dans une période où les entreprises recherchent activement des employés, les jeunes pourraient être incités à travailler plutôt qu’à terminer leurs études.

Une proportion semblable (68 %) affirme que la conciliation études-travail est un sujet qui les préoccupe.

PHOTO SYLVAIN LÉGARÉ, FOURNIE PAR LE RQRE

Audrey Mckinnon, directrice générale du RQRE

L’enjeu, c’est le cumul des engagements : 35 heures d’école, 10 heures de travail, on est rendu à 45 heures d’engagement, et on passe les loisirs, l’étude et le déplacement. Ça fait des semaines chargées.

Audrey Mckinnon, directrice générale du Réseau québécois pour la réussite éducative

Les résultats de ce sondage paraissent alors que s’amorcent les Journées de la persévérance scolaire, mais aussi dans un contexte où le ministre du Travail, Jean Boulet, a annoncé son intention de légiférer pour encadrer et limiter le travail des enfants.

Or, « une loi ne réglera pas tout, dit Audrey Mckinnon. Ça va prendre d’autres solutions. Il va falloir continuer à faire de la sensibilisation. »

Le sondage mené par la firme Léger montre également que 29 % des Québécois considèrent que les plus grands avantages à occuper un emploi à temps partiel pendant l’année scolaire sont de développer le sens des responsabilités et l’autonomie des jeunes.

Une question d’heures

Jusqu’à combien d’heures par semaine un jeune du secondaire devrait-il pouvoir travailler ?

« Les jeunes n’ont pas tous la même capacité. Certains jeunes vont arriver à très bien concilier les études et le travail, mais pour d’autres, ça va être très difficile. Généralement, les études montrent qu’à 15 heures [par semaine], c’est difficile, et à 20 heures, on tombe dans des zones critiques pour de nombreux jeunes », dit Audrey Mckinnon.

Dans le projet de loi que prépare Québec, « les balises d’heures seraient les bienvenues », ajoute la directrice générale du RQRE.

Environ un Québécois sur cinq (19 %) estime que le diplôme a perdu de son importance depuis la fin de la pandémie, et cette perception est un peu plus élevée (22 %) chez les répondants qui ont de 18 à 35 ans.

« Les 18-35 ans sont en parcours, ou en fin de parcours scolaire. On observe de plus en plus de reports ou d’abandons de projet d’études, on sait qu’il y a une diminution d’inscriptions en formation professionnelle. Est-ce qu’il y a une ombre au tableau ? », demande Audrey Mckinnon.

Le sondage Léger a été réalisé entre le 24 novembre et le 1er décembre 2022 auprès d’un échantillon de 1000 Québécois âgés de 18 à 59 ans.

En savoir plus
  • 77 %
    Après cinq ans au secondaire, taux de diplomation de la cohorte 2016
    SOURCE : ministère de l’Éducation
  • 59 %
    Proportion de Québécois qui considèrent que le diplôme est aussi important qu’avant la pandémie afin d’occuper un bon emploi
    SOURCE : sondage Léger mené pour le RQRE