L'effet combiné du Temazepam, du Benadryl et de l'alcool n'a pas d'incidence directe sur la psychose paranoïde d'une personne, mais ce cocktail pourrait avoir un effet sédatif.

C'est ce que le psychiatre Joel Watts a fait valoir, hier matin, en réponse à l'une des trois questions que le jury lui a adressées, à la fin de son témoignage.

Le jury voulait savoir l'effet que pourrait avoir la prise d'alcool et des deux médicaments, par une personne en psychose paranoïde. Le Dr Watts est d'avis que Magnotta était en psychose en mai 2012, quand il a tué Lin Jun et commis les autres gestes qui lui sont reprochés.

On sait que les analyses toxicologiques réalisées sur le cadavre de Lin Jun ont démontré qu'il avait consommé du Temazepam (sédatif) et du Benadryl (antihistaminique). On sait aussi que des traces de Temazepam ont été trouvées dans la bouteille de vin, découverte dans les ordures de Magnotta.

Magnotta a par ailleurs lui-même indiqué qu'il avait pris du Temazepam le soir des événements, et que voyant cela, Lin Jun lui en avait demandé. Magnotta disait aussi avoir bu un peu de vin.

Le jury voulait également savoir si la psychose que Magnotta aurait eue à Miami en janvier 2011 aurait pu avoir été causée par le fait qu'il ne prenait pas de médicaments. Dans ce cas, le Dr Watts a opiné. Le fait de ne pas prendre ses médicaments peut contribuer à une psychose paranoïde chez une personne schizophrène.

Enfin, la troisième question portait sur la crédibilité des réponses que Magnotta a données au psychiatre Watts, vu que l'accusé ne savait plus si certains de ses souvenirs étaient réels, ou provenaient de la preuve qui lui avait été montrée par son avocat. Quoi qu'il en soit, le Dr Watts a maintenu que, selon lui, M. Magnotta ne jouait pas la comédie.

Téléphones

Après la fin du témoignage du Dr Watts, Me Leclair a appelé à la barre le policier du SPVM Antonio Paradiso, qui a enquêté en juin 2012 sur les téléphones portables de la victime et de l'accusé. Le policier espérait trouver des indices pour identifier la victime (non identifiée à ce moment-là) et savoir comment le suspect et elle s'étaient rencontrés.

Le témoin suivant, Jean-Marc Marta, conseiller pédagogique français, a témoigné à Paris dans le cadre de la commission rogatoire, en juin dernier. C'est donc l'enregistrement de son témoignage que Me Luc Leclair, avocat de Magnotta, a présenté au jury.

M. Marta, homosexuel âgé de 59 ans, a raconté qu'en avril 2012, un de ses amis qui se trouvait au Canada lui a refilé le numéro de téléphone d'un «Canadien sympa et bien», appelé Nathan, en lui disant que celui-ci prévoyait venir en France en juin. M. Marta a envoyé un message texte à ce Nathan le 25 avril 2012, lui disant qu'il était le bienvenu s'il passait à Paris. 

Le Nathan en question, c'était Magnotta. Le témoignage de M. Marta montre que l'accusé projetait réellement d'aller en France en juin.