Le meurtre sauvage, suivi du dépeçage, d'un étudiant chinois de 33 ans, le mois dernier à Montréal ont fait frémir la communauté estudiantine chinoise, où des appels à la vigilance ont été lancés.

Lin Jun étudiait l'ingénierie informatique à l'université Concordia depuis l'été 2011. Le principal suspect est Luka Rocco Magnotta, un acteur porno obsédé par son apparence, qui a été interpellé à Berlin.

«Même s'il s'agit d'un cas isolé et que le Canada est un pays sûr, c'est tellement horrible», a déclaré à l'AFP Yan Shi, le président de l'Association des étudiants chinois de Concordia.

«De mon point vue, je sens de l'angoisse parmi les étudiants chinois, les gens ont peur», ajoute Yan qui explique que l'hypothèse du crime raciste est peu probable, même si elle a effleuré certains esprits.

Après le meurtre, l'ambassade de Chine au Canada a conseillé à ses ressortissants de «renforcer leur propre sécurité».

De son côté, le Service à la Famille Chinoise du Grand-Montréal, un organisme d'aide aux Chinois immigrants, affirme que de nombreuses familles l'ont appelé pour demander si leurs enfants étaient en sécurité.

La brutalité du meurtre de Lin et la personnalité de son assassin présumé ont abasourdi beaucoup d'étudiants.

«Je suis choquée. De nombreux étudiants sont bouleversés par ce qui est arrivé» a déclaré à l'AFP Yuanhao Wang, une étudiante de Concordia originaire de Shanghai.

«On doit réfléchir à qui on fait confiance et on doit faire attention avec qui on devient ami», poursuit Yuanhao, qui joue le rôle de tutrice à Concordia.

La jeune femme affirme avoir entendu dire que Lin -connu pour sa gentillesse et sa droiture- était seul et a pu être manipulé. Selon elle, beaucoup d'étudiants qui arrivent au Canada sont «timides et réservés». «C'est difficile de se faire des amis, je sais de quoi je parle», dit-elle.

Relina Bi, une étudiante récemment diplômée qui a été présidente de l'Association internationale des étudiants de Concordia, a mis en garde les jeunes contre la tentation de se choisir des amis au hasard.

«C'est très important d'apprendre à se faire des amis», explique la jeune femme de 25 ans, qui est également originaire de Shanghai. «Moi, je me suis fait des amis à l'école, via des clubs ou des associations, jamais au hasard», ajoute Bi. «Quand je suis arrivée au Canada, je n'avais aucun ami ni aucune famille» poursuit la jeune diplômée qui a vécu dans une famille d'accueil avant d'emménager en colocation avec d'autres étudiants.

Magnotta, qui a été arrêté le 4 juin à Berlin après 10 jours de cavale, est accusé de l'assassinat de l'étudiant chinois, d'outrage à cadavre et d'avoir filmé et diffusé la scène sur internet.

Il aurait entretenu une relation sexuelle avec sa victime.

L'ancien acteur est incarcéré en Allemagne dans l'attente de son extradition vers le Canada, prévue avant la fin du mois.

Lin est le second étudiant chinois assassiné au Canada en 14 mois.

En avril 2011, Qian Lu, une étudiante de 23 ans en sciences politiques à l'université d'York à Toronto était en train de parler par webcam à son petit ami, en Chine, quand un inconnu, impressionnant physiquement, a fait irruption dans son appartement et l'a attaquée.

Son corps à moitié nu a été découvert par la police locale quelques heures après l'alerte lancée par son petit ami depuis la Chine.

Brian Dickson, un étudiant en sciences politiques de 30 ans, bon chic bon genre, a été accusé de l'assassinat de l'étudiante et attend son procès devant la Cour supérieure de justice de l'Ontario. Il plaidera non coupable, selon son avocat.